25/08/2013
Panikos, grec qui signifie du Dieu Pan, a donné le mot français Panique.
Ah, ce sacré Dieu Pan qui passe troubler les esprits et qui déclenche une peur subite, violente,soudaine, irraisonnée et qu'on ne peut pas contrôler !
Et bien moi, le Dieu Pan, je m'en souviendrai...
Pour cela, il me faut conter notre aventure dans le fleuve des Morts ou rivière de l'Achéron.
Nos amis nous avaient dit que c'était une sortie sympa à faire avec des ados et que cela changeait des vieilles pierres de la Grèce !
Avant de nous rendre à cette rivière que nous devions donc remonter à pied, nous décidons de nous rendre sur le site archéologique de Nékromantion dans lequel se trouve le sanctuaire de l'Oracle des morts dans lequel on venait intérroger l'âme des défunts. L'Achéron, la rivière qui passe à côté était la rivière sur laquelle Hermès conduisait les morts. Bref, je ne vais pas vous faire le guide touristique !
Tout cela pour dire que la journée démarrait mal car une fois devant le site, nous avons la déconvenue de le trouver fermé pour cause de travaux durant trois mois...en pleine période touristique même si à cet endroit, on ne voit guère de touristes ! Déception très grande dans le clan des 10, celui intéressé par les vieilles pierres...( futur article sur les clans....ceux que les vieilles pierres passionnent, ceux que les vieilles pierres saoûlent...et ceux qui tentent de faire en sorte que chaque clan respecte l'autre !)
Nous voilà partis à l'assaut de la rivière des Morts, même pas peur !
Après 10 minutes de marche sur la terre ferme, vous devez entrer dans une eau glaciale et remonter à pied cette rivière qui se situe au fond de gorges assez étroites. La couleur de l'eau est magnifique, le paysage grandiose, le bruit de l'eau très agréable. Le premier quart d'heure est difficile car le corps a du mal à s'habituer à la température très froide de l'eau, je confirme que les crampes et la douleur sont bien réelles.Mais nous sommes motivés, nous voulons relever le défi et chacun s'encourage mutuellement. Au début de la remontée contre le courant donc, il y a quand même des touristes puis beaucoup abandonne car il y a trois passages à effectuer à la nage, il faut donc immerger le corps entier et nager à contre courant, c'est froid et un peu angoissant pour des personnes peu sûres d'elles dans l'eau. Après presqu'une heure de déambulation non sans efforts et surveillance de nos ados casse-cou et de nos trois enfants ayant besoin d'aide, certains émettent le souhait d'arrêter, d'autres de poursuivre alors que nous ne sommes pas au terme de la remontée de la rivière.
Là, il faut que je précise que durant notre remontée, le ciel s'est assombri, qu'il semblerait qu'il y ait de l'orage au loin mais notre champ de vision est un peu encombré par les gorges. Cependant, tout le monde a en tête les écrits du guide " A ne pas faire si l'orage menace " et oui...fond de gorges, eau remontant soudainement...courant qui s'intensifie...
Bref, nous faisons le choix de laisser continuer les 4 personnes motivées pour le faire à savoir : mon mari, mon amie, ma grande fille et le fils de mon amie.
Et moi d'attendre à l'endroit de la séparation avec mes deux grands fils, la grande fille de mon amie et les deux petits de 9 ans.
Sauf que...au bout de cinq minutes, les nuages au-dessus de nos têtes étaient vraiment noirs, le vent s'est levé et il n'y avait plus de doutes, l'orage allait éclater. Nous avons tenté de rappeler l'autre moitié du groupe, en vain, le bruit de l'eau était vraiment trop fort.
Et là, j'ai assisté à une vraie crise de panique de l'un de mes fils mais la vraie de vraie !!!! Il s'est persuadé que l'eau allait monter, que nous n'allions pas pouvoir rebrousser chemin et surtout il a complètement paniqué pour le groupe parti continuer constitué de son père et de sa soeur tout de même ! ( non qu'A. et A n'étaient pas importants à ses yeux mais il parlait vraiment de son père) Je n'avais pas de montre sur moi, au début, j'ai pris cela à la rigolade puis plus le vent soufflait, plus je ne voyais pas le groupe de mon mari revenir, plus intérieurement, je me disais qu'il fallait réfléchir mais en même temps je devais calmer mon fils totalement incontrôlable, qui ayant dit qu'on allait mourir dans la rivière des morts a complètement mis en panique les deux petits ( dont ma plus jeune fille) qui se sont mis à sangloter et crier sur le bord des rochers. A cela s'ajoutait la colère de mon autre fils qui n'arrêtait pas de dire " vraiment mais qu'est-ce qu'il fout papa, je ne comprends pas qu'on se soit séparé, il me déçoit, papa, vraiment il me déçoit! " Nous avons quand même repéré un endroit sur lequel il était facile de grimper au cas où nous devions nous relever de quelques mètres en cas de montée des eaux...
Selon mon mari, cela a duré 15 ou 20 minutes mais je vous assure que cela m'a semblé une heure...mon fils pris de panique s'est mis à greloter, à gesticuler dans tous les sens, j'ai cru qu'il allait convulser quand enfin le premier groupe revient, cool Raoul, nous disant qu'ils venaient de voir l'orage et qu'il fallait envisager de rebrousser chemin, ils n'ont pas compris notre état....panique chez mon grand fils plus les deux petits, peur pour moi et L. la grande fille de mon amie, colère chez mon autre fils...eux, ils nous contaient comme c'était encore plus beau derrière le gros rocher....
Mais la météo coupa court tout , tout de suite car là, l'orage était bien là et nous avons amorcé la descente de la rivière sous une pluie torrentielle, au milieu des éclairs et du tonnerre, des pleurs des petits, des peurs des ados. Tout le monde avançait du plus vite qu'il pouvait, beaucoup avait très froid mais ne se posait pas de questions quand il fallait nager dans les trois passages dans lesquels nous n'avions pas pied...Nous tenions les petits en permanence, nous avançions en trouvant le chemin long et en tentant de faire abstraction des éclairs...le premier qui a parlé de la foudre s'est fait lynché par le groupe...pas possible que la foudre passe entre les parois des gorges pardi !!! Hein, c'est pas somme si on avait les corps dans l'eau et qu'on se donnait les mains....
Arrivés sur la terre ferme, nous avons fait nos dix minutes de marche à grande vitesse pour arriver à la voiture, s'emmitoufler dans des serviettes, prendre un goûter et tenter de se réchauffer sous la pluie...
Il n'y avait plus personne sur le parking....alors qu'il était plein au départ...personne non plus venu voir s'il y avait des touristes en galère dans la rivière....à la grecque quoi ! ( d'autres anedoctes expliqueront cette expression...)
Nous avons fait une heure trente de voiture pour regagner notre gite dans le plus grand des silences.
Le soir venu, au cours du repas, nous, les adultes, avions décidé de "débriffer" l'événement avec humour...la conversation s'est quand même avérée sérieuse, mon fils ne souhaitant pas qu'on se moque de sa crise de panique et qu'on l'estime à sa juste valeur en lui donnant une signification, les uns voulant évoquer l'erreur de s'être séparé, les autres voulant exprimer le fait qu'on n'avait pas assez écouté ceux qui voulaient arrêter... Chacun a donné une vision personnelle de l'événement et de ses sentiments ressentis. Nous avons quand même ri mais il est certain que le Dieu Pan avait été bien présent durant notre escapade car il avait bien troublé nos esprits, chacun ayant quand même admis avoir eu au moins une fois peur durant cet épisode...peur panique, peur refoulée à l'intérieur de soi, peur maîtrisée, peur intériorisée ou extériorisée mais peur bien réelle.
Et dire que tout le monde rigolait quand nous avions décidé de remonter la rivière Achéron, dit le fleuve des Morts...
De la culture à la panique...
A se demander si la lecture préalable de la légende n'avait pas invoqué ce cher Dieu Pan...
21:31 | Lien permanent | Commentaires (3)
J'y suis retournée.
C'était hier après-midi.
J'ai pris mes sacs remplis de livres et jeux commandés et reçus en mon absence.
J'ai emportés d'autres sacs remplis de bricoles conservées pour vivre une seconde vie : des vieux boitiers de cassettes vidéos, des grands pots de yaourt grec d'un kilogramme ( vides bien sûr !).
J'ai parcouru les kilomètres dans ma voiture, la musique à fond, ne voulant pas penser aux retrouvailles, n'ayant aucune envie de la retrouver.
Je suis entrée, j'ai débranché l'alarme, j'ai déambulé dans les couloirs archi propres.
Et je l'ai retrouvée. Rien n'avait bougé depuis le 25 juillet, peut-être un peu de poussière déposée sur les tables. Mes piles de matos et autres étaient toujours au même endroit, presque à me dire que ce n'était pas trop tôt que j'arrive, que les courbatures se faisaient ressentir...
J'ai alors posé tout mon bazar et fait des tris de ce qu'il y a à faire : d'un côté, ce qui est à photocopier, de l'autre, ce qui est encore à plastifier, d'un autre encore, j'ai placé les nouveaux jeux achetés puis réuni les livres par thèmes pour les nouveaux rallyes lectures que je vais démarrer.
J'ai regardé, j'ai sorti les premiers classeurs dans lesquels je dois piocher les premières leçons.
J'ai photocopié quelques trucs mais j'ai vite abandonné quand je me suis aperçue que le massico avait un méga problème et qu'il ne coupait plus les feuilles, contrariée, je me suis dit que c'était un signe, il fallait arrêter pour aujourd'hui et resortir !
J'ai à peine pris le temps d'être contente de ce que j'avais fait avant de partir en vacances tant le sentiment de tout ce qui reste à faire te pénètre et te fait ressentir les premiers signes d'anxiété.
J'ai tout laissé, j'ai fermé les portes jusqu'à lundi...
Ouais, j'y suis retournée...
Demain, je retourne là-bàs physiquement mais pour le blog, promis, je vous ramènerai en Grèce....
08:37 | Lien permanent | Commentaires (2)
24/08/2013
Commençons par la fin !
Le retour de Grèce fut assez épique et nous a placés au coeur de défauts humains très énervants sur le coup mais qui nous font sourire après coup !
Je m'explique !
La traversée de la Grèce vers l'Italie dure 17 heures, c'est tout de même assez long...pour des raisons financières, beaucoup de personnes dont nous faisons partie ne prennent pas de cabine, le prix étant très élevé pour des familles. Il reste alors des places dites "pont" ( on squatte sur le pont ou dans des couloirs du bateau), des places dites " seats" c'est à dire des sièges type d'avion disposés dans une grande salle et des places "couchettes", comme dans les trains des compartiments de 6 personnes.
Nous concernant, pour nos deux familles constituant un groupe de 10 personnes, nous avions pris à l'aller comme au retour, 7 places sièges et 3 places pont.
A l'aller, nous avons eu l'agréable surprise de voir nos places sièges transformées en places couchettes ( sans supplément, car quand même 40€ de plus par personne) et même si là aussi de nombreuses anecdotes ont eu lieu, la nuit s'est plutôt bien passée....et une fois arrivés en Grèce, une seule heure de route nous attendait puisque les 10 heures avaient été faites jusqu'en Italie.
Au retour, nous étions vraiment en mode baroudeur avec cette fois les places sièges et les places pont.
La nuit fut simplement horrible, ahahah !
Déjà, alors que nous installions un petit campement sur le pont car les ados voulaient dormir sur le pont, un énorme orage éclata, nous obligeant à rapatrier dans une salle commune notre pique-nique, nos duvets et matelas. ( pour 10 , 2 matelas pneus et 9 duvets !!!) Les plus petits ont eu peur de l'orage, il a fallu calmer les pleurs ( il faut dire que les éclairs étaient impressionnants même si très beaux !)
Bref, tout le monde a mangé, dans le bruit, dans un espace confiné, on a fait la vaisselle ( et oui gobelets, couverts, quelques assiettes) dans les lavabos des toilettes, c'était pénible mais jusque là on se marrait encore de notre baroudage !
On va s'installer sur les sièges, l'espace pont étant trempé, nos ados partent à la recherche d'un coin inoccupé du bateau, dans un couloir pour se poser, ils en dégotent un sur de la belle moquette, ils parviennent à y rester jusqu'à minuit avant de se faire déloger par le personnel naviguant qui les ramène à la salle des sièges ! Cette fois, pas le choix, la moitié d'entre nous dormira par terre au début puis les trois quart car les sièges s'avèrent hyper inconfortables !
Voilà le début de ma vraie réflexion dans cet article !
Nous avons pu mesurer tous les défauts cumulés du genre humain en quelques heures....
Tout ce que j'écris est vraiment pointé d'humour....il faut tenter de nous imaginer dans une salle de 200 personnes, style un avion, avec des gens couchés partout par terre, entre les murs et les rangées de sièges, entre les sièges, au bas des sièges...tout le monde a enlevé ses chaussures, cette partie du bateau sent énormément le fuel, la lumière n'est pas éteinte ( elle est baissée mais on peut encore lire alors imaginez !)
Donc, nos deux conducteurs et M., le petit dernier de mon amie choisissent de dormir sur les sièges, enfin essayer de dormir...
Tous les autres, on se pose à même le sol ( sauf les deux grandes ados qui squattent les matelas, elles se trouvent un coin sous des sièges...), dans des allées en plein passage et voici alors ce que cela donne en terme d'impressions olfactives, visuelles, touchantes et écoutantes !
- ça pue les pieds, la transpiration et la moquette du sol....on tente de s'empaqueter dans le duvet même si on crève de chaud et que donc nous apporterons notre contribution aux mauvaises odeurs de transpiration !
- Un bruit pas possible !
- Des bébés qui pleurent à espace régulier, on a tous envie de les jeter à l'eau !
- Des ronflements à gogo et une découverte d'envie d'aller pincer le nez à tous ceux qui parviennent à s'endormir là dedans !
- Des sièges qui couinent à chaque fois que les passagers bougent, un enfer !!!!
- Un passage permanent....et donc des pieds qui frôlent notre visage toutes les 5 minutes, mes fils se font carrément marcher dessus. Un respect de l'autre très relatif pendant cette nuit...
- Un mal de dos....on tente des positions diverses, on ne bouge plus dès qu'on ne ressent aucune douleur 20 minutes de suite...puis les crampes arrivent, pas le choix, il faut se tourner !
- La lumière dans la tronche, on tente de se cacher le visage avec les manches de gilet entourées autour de la tête, on est tous enturbannés !!!
- L'un de mes fils qui me réveille (enfin qui me détache de ma somnolence) à 1h30 car il crève de soif et ne trouve pas l'eau, puis à 4h car il décèle une otite, son oreille lui fait mal de façon insupportable, je me lève, je le soigne, je l'installe sur un siège car au sol, on a toutes les vibrations du bateau....
Au matin, vers 6h30, la salle s'active encore plus, le bruit augmente même si on s'est habitué aux odeurs....et que les bébés ne pleurent plus depuis deux heures....
Nous nous racontons notre nuit, nous plions les duvets, dégonflons les matelas et je me marre quand A. mon amie me dit que cette nuit, elle a haï la race humaine !!!!!
Nous avions tous eu des envies de meurtres et nous avons franchement ri de cette idée avant de nous rendre compte de notre état de fatigue monumental et de nous inquiéter des 12 heures de trajet qui nous attendaient pour rentrer après la traversée ! ( à l'aller nous avions fait en deux fois mais là, bref ce n'était pas possible )
Nous avons donc tenté un peu de repos jusqu'au débarquement vers 11 heures de matin. ( débarquement qui fut aussi épique mais je ne vais pas raconter) et nous avons entamé nos douze heures de trajets, nous sommes arrivés à minuit trente chez nous.
Chaque membre de la famille a retrouvé un lit, un matelas, des draps propres qui sentent bon, du calme, pas de bruit, pas de passage, pas de mauvaises odeurs, pas de lumière....mais pas cette sensation de vivre un truc extra-ordinaire !!!!
Il fallait commencer par évoquer la Grèce par la fin....cette redécouverte des défauts des autres dont nous avons su rire et qui surtout tranchaient d'avec toute l'humanité et la générosité que nous avions vécues avec nos hôtes grecs, malgré la grande simplicité des lieux dans lesquels nous étions chez eux, nous nous sentions comme des princes mais ça, c'est le début et le milieu de l'histoire...
08:41 | Lien permanent | Commentaires (1)