30/05/2014
La commode.
La commode de mémé ne livrera jamais tous ses secrets même si j'en connais certains.
Cette commode, c'est l'un des trois meubles qu'elle a raménés de Tunisie en 1960. Comme elle disait, on l'avait "chassée" avec...
Une commode à 5 tiroirs et un dessus en marbre.
Une grande malle
Une machine à coudre.
Ses 5 enfants, son mari.
Un peu de linge et de vaisselle.
Combien de fois l'ai-je entendu me raconter cet épisode violent de sa vie, ce bateau, cette arrivée et tout ce qui a suivi...les difficutés, la pauvreté, la barrière de la langue.
Mais ils étaient ensemble, même séparés du reste de la famille partie en Italie ou dans une autre région de France, eux, mémé, pépé et les 5 enfants étaient ensemble et ça, c'était l'essentiel, elle le répétait.
Ils étaient aussi avec la commode, la malle et la machine à coudre.
La grosse malle, j'y ai passé des heures et des heures, assise dessus à réviser mes leçons, rêver, pleurer, chanter et quand mémé a été installée en maison de retraite il y a 4 ans, je lui ai demandé cette malle. Elle était contente que je l'installe chez moi.
La machine à coudre est allée chez mon cousin.
Mais la commode, elle a réussi à l'avoir avec elle, dans sa petite chambre, jusqu'à la fin.
Elle contenait alors son petit linge, quelques souvenirs, quelques foulards ou châles. Et dessus, sur le marbre, nous avions mis les cadres de ses photos préférées, son mari, ses enfants, ses petits-enfants, ses arrières-petits-enfants. Elle aimait cette commode.
Mon cousin avait dit qu'il souhaitait cette commode mais voilà qu'il ne l'a pas voulue.
Cette commode dont je ne connais pas toute l'histoire, j'y suis très, très attachée, la famille me la propose, je l'accepte.
Ma maman a vidé la commode, non sans émotions...et là, un clin d'oeil de mémé....
Il y a 5 ans, lors de la communion de mes deux garçons, mémé veut donner un billet à ses arrières petits enfants mais voilà, impossible de mettre la main sur la somme d'argent retiré en espèces par mon père en début de mois...mémé commençait à avoir des périodes de perte de mémoire ou autre mais comme elle cachait tout le temps ce qui lui était précieux ( elle avait tant manqué de tout qu'elle agissait ainsi pour beaucoup de choses, pas que pour l'argent), nous avions cherché l'argent donné par papa à mémé et la carte bleue....partout....lors du déménagement à la maison de retraite, nous avons vidé tous ses meubles, armoires, tout trié, partagé, jeté mais nous n'avions jamais retrouvé cet argent.
Mais la commode, elle, nous l'avions juste un peu rangée puisque c'était l'unique chose personnelle qu'elle emmenait avec elle et il ne fallait pas y mettre trop nos mains, elle la voulait telle qu'elle !!! Nous avions quand même réorganisé les tiroirs et le rangement intérieur de son linge.
Mémé, malgré ses pertes de mémoire, avait bien compris qu'elle avait perdu cet argent, elle s'est énervée à se rappeler, on l'a un peu houspillée, nous pensions tous que c'était parti à la poubelle.
Mardi dernier, maman , cette fois, a complètement vidé la commode, les photos, les foulards, le petit linge, les châles et là, dans le troisième tiroir, sous une fine double couche de papier de soie que mémé aimait tant poser au fond de ses tiroirs, apparait un porte carte bleue avec à l'intérieur la carte bleue et le ticket de retrait et 370€ de sa pension mensuelle.
Maman est tombée à la renverse.
Maman m'a téléphoné en larmes.
Nous avons pleuré et nous avons ri.
La commode livrait un dernier secret visible.
Pour les autres secrets encore enfermés en elle, il suffira de les deviner, de les imaginer et de faire vivre ceux que nous connaissons.
La commode est dans notre maison, mon mari va consolider les tiroirs afin qu'elle ne se casse pas quand nous l'utiliserons.
La commode restera à jamais SA commode.
11:34 | Lien permanent | Commentaires (3)
22/05/2014
C'est la vie.
Rire et pleurer c'est la vie.
Dire au-revoir à sa grand-mère chérie de 96 ans, c'est la vie.
Demain, je lirai le texte écrit dans mon adolescence et recopié dans mon blog le 26 juillet dernier.
Pleurer en famille c'est la vie.
Se remémorer tant de choses, c'est la vie.
Continuer de préparer la journée de première communion de notre fille qui a lieu ce dimanche, c'est la vie qui sourit.
Aller travailler comme si de rien n'était, avec un coeur alourdi, c'est la vie.
Ecouter nos grands en concert ce soir et demain soir, c'est la vie.
Faire les courses pour le repas de famille, c'est la vie.
Maintenir le rendez-vous chez le coiffeur de demain matin, c'est la vie.
Quand la boucle infinie de la vie est respectée, on accepte plus facilement de se dire que c'est la vie.
Mais quand même, quand je l'ai vue hier, j'ai bien compris que c'est la mort.
La mort face à la vie.
La mort pour une autre vie.
Notre vie qui continue grâce à tous les instants de vie vécus ensemble.
C'est la vie avec ses tristesses comme celles de ces jours-ci.
C'est la vie avec ses joies vécues et à venir.
C'est la VIE.
06:23 | Lien permanent | Commentaires (7)
18/05/2014
Mon cher ami le lit.
Depuis le temps que je le dis, je lui consacre un article.
J'aime mon lit.
Ce matin, en m'autorisant un retour au lit après un petit déjeuner tranquille dans la cuisine, emmitouflée sous la couette, fenêtre ouverte, grand air frais et gazouillis des oiseaux de la campagne, j'ai compris pourquoi mon lit était un si bon ami.
C'est peut-être le seul endroit dans lequel je lâche prise totalement, je ne fais que des choses qui me plaisent, et dans lequel je suis le plus au naturel.
J'explique.
Je lâche prise car j'accepte de me retrouver moi avec moi, avec mes pensées, qu'elles soient joyeuses, tristes, angoissantes ou non, je m'autorise à penser à ce dont j'ai envie de penser. Je lâche prise car en pensant à tout ce qui me tracasse ou me réjouit, j'accepte de ne pas tout maitriser, j'y pense mais je ne suis pas dans l'action des solutions.
Je n'y fais que des actions que j'adore à savoir : dormir ( ça c'est quand même le top ! et même les insomnies de passage ne détruisent pas cet immense plaisir que j'ai à dormir ), lire ( du magazine télé au roman au documentaire au pavé philosophique et aux articles de La Croix donnés par mon papa, tout un bric à brac de lecture au pied de ma table de nuit, j'adore), écouter de la musique, regarder des albums photos ou relire quelques pages de mon cahier rouge ( le vrai journal intime un peu éloigné du blog...) et bien sûr aimer et être aimée. ( du petit calin tendre au grand amour, je ne me lasse pas de m'endormir et de me réveiller à ses côtés)
Je n'ai jamais d'ordinateur dans mon lit ( mon ordi n'est pas portable) et quasiment jamais mon téléphone. ( si je fais une séance sms, je me relève le déposer dans une autre pièce pour me coucher) Et même si j'écris un blog, même si je vis avec mon temps, je dois bien admettre que je ne veux pas d'écrans dans ma chambre, encore moins dans mon lit.
Enfin, je suis au naturel. Mon lit est un excellent ami, il m'accepte et m'aime pas coiffée, avec un pyjama bien moche, des chaussettes au pied, bien couverte ou découverte ( et donc avec tous les défauts de mon corps ) mais cela lui est égal, j'ai toujours ma place et il m'enlasse chaque soir ou parfois en journée comme ce matin ou quelquefois pour une sieste improvisée.
Vraiment mon lit est un très bon ami, le meilleur, je ne sais pas car je n'aime pas trop cette idée d'avoir un ou une meilleur(e) ami(e).
Et puis, sur mon lit, il y a mon amant ! Il s'agit de l'édredon matelassé de ma grand-mère...un truc dont je n'arrive pas à me défaire sauf en cas de vraie chaleur...j'aime sa texture, sa chaleur, son poids sur mon corps...d'où le terme d'amant car mon mari en est très souvent jaloux !!!
Il faut dire que se battre avec l'ami et l'amant de sa femme quand on se met au lit, ça fait beaucoup pour le même homme non ????
En fait, cela nous fait surtout rire...et vivre en harmonie au fond de notre lit !
21:41 | Lien permanent | Commentaires (0)