14/10/2014
R.I.P
Non ce n'est pas une abréviation débile de plus de notre système scolaire.
R.I.P c'est Reccueil d'Informations Préoccupantes , un document officiel rédigé et envoyé au conseil général et à l'inspection.
C'est ce que je vis depuis 3 jours.
C'est juste l'enfer.
Depuis que mon élève m'a parlé, une machine infernale s'est mise en route, des coups de fil incessants, des discussions stressantes et le quotidien de classe d'avant vacances qu'il faut quand même gérér.
Bien sûr, je ne peux pas parler mais il me fallait écrire sur mon blog ce soir car je vis une situation vraiment difficile et je sais que les mots m'apaisent.
Je sais que ce n'est pas ma vie.
Mais c'est quand même un peu ma VIE puisque c'est moi qu'on questionne et qu'on sollicite et c'est moi qui dois gérer cette situation.
Hier, je devais partir à 16h de l'école, je rappelle que nous avons une correspondante polonaise à la maison, je suis partie à 18h passées, j'ai oublié mon fils à son cours de musique, j'ai passé deux heures à rédiger mon rapport de RIP et aujourd'hui fut une journée allant de rebondissements en rebondissements, de coups de fil en coups de fil et surtout avec une accélération de la prise en compte de la situation.
C'est loin d'être terminé.
C'est compliqué, complexe.
Je suis fatiguée, un peu dans mon corps, beaucoup dans ma tête.
Ce n'est pas ma vie qui est en jeu mais la vie concernée est quand même imbriquée dans la mienne.
Une petite vie dans ma grande et belle vie.
Il y a des abrévations dont on ne préfèrerait jamais connaitre la signification.
Mais quand il faut faire son boulot jusqu'au bout, il faut essayer de ne pas se défiler.
Punaise, comme je suis fatiguée...
20:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/10/2014
Et si on nous "soclait", nous les adultes ?
Hier soir, en attendant que le sous-sol se vide des ados franco-polonais, permission de minuit oblige et politesse aux parents récupérateurs,( petite discussion avec eux) il fallait s'occuper.
Alors j'ai soclé !
Ben oui, je me suis jetée dans la lecture des 19 pages ( + les documents accompagnateurs) du nouveau socle de compétences sur lequel les enseignants de notre académie doivent plancher mercredi matin prochain. ( à ce propos, la très grande majorité des enseignants préfèreraient avoir leurs élèves plutôt que de plancher seuls en groupe de 4 ou 5 sur un document très dense, très théorique et répondre à un questionnaire très détaillé dont on doute qu'il sera lu et pris en compte. Oui, cela ennuie bien les parents de garder leurs mômes mercredi matin et les parents enseignants ne dérogent pas à cette règle car eux-mêmes doivent faire garder leurs rejetons pour plancher sur les textes )
Alors je vous passerai les détails de ce magnifique texte même si à mon sens, c'est plus clair et surtout plus ouvert mais c'est aussi très idéaliste et tellement éloigné de ce qui peut se pratiquer.
En plus, ce socle de compétence définit tout ce qui doit être acquis à la fin du cycle du collège et je trouve que pour des enseignants d'élémentaire, c'est assez difficile de replacer les compétences pouvant être travaillées dès l'élémentaire voire acquises dès ce stade-là.
Il y a des phrases magnifiques de bon sens et d'humanité et j'en arrive à mon titre...
Car on demande à des adolescents de fin de collège d'avoir acquis des compétences, savoir faire et savoir être que beaucoup d'entre nous ont bien du mal à appliquer.
Voici quelques exemples sortis de mon fluo surligneur :
- la maitrise de la langue française est un objectif central et prioritaire, elle développe une expression orale claire et organisée pour parler, communiquer et argumenter.
- l'épanouissement de la personnalité et le développement culturel de l'élève appellent à la rencontre avec des pratiques artistiques variées. ( ouais quand on voit qu'en option musique au bac, les élèves sont plus évalués sur une analyse d'oeuvre, commentaire composé sur oeuvre que sur la pratique du chant ou d'un instrument, ben y'a du boulot.....)
- L'élève a appris à se contrôler et à se entrer en relation avec autrui.
- La maitrise progressive des méthodes et outils pour apprendre développe l'autonomie et le goût de l'initiative, elle doit favoriser l'implication dans le travail commun, la recherche et la coopération.
- La classe, l'école , l'établissement sont des collectivités riches de potentiel, d'entraide et de mutualisation des savoirs.
- L'élève comprend qu'une tâche scolaire n'est pas une fin en soi et qu'elle est presque toujours au service d'un apprentissage.
- L'école ne peut exiger ce qu'elle n'a pas enseigné. ( arrêtons les évaluations qui piègent les élèves ou de leur dire qu'on ne comprend pas qu'ils ne savent pas ce qu'ils sont censés avoir déjà vu mais qu'ils n'ont pas forcément vu justement !)
- Le domaine 3 sur la formation de la personne et du citoyen..... il a pour objectif de développer l'aptitude de chacun à vivre de manière autonome et à participer activement à l'amélioration de la vie collective. ( hum....anti individualisme....y'a du boulot !)
- Par l'acquisition d'un vocabulaire précis, l'élève apprend à exprimer ses émotions, à en élucider les motifs et à les contrôler. ( moins d'impulsivité ????hum pas certain que les adultes valident cette compétence)
- L'élève acquiert en même temps le respect d'autrui : il est capable d'empathie et sait se mettre à la place des autres.
- Il refuse les discriminations, respecte l'autre sexe, est sensible à l'égalité entre les hommes et les femmes et fait preuve de tolérance. Il sait distinguer et respecter la vie privée. ( franchement c'est beau....on fait lire cette compétence à la manif pour tous ????)
- L'élève sait distinguer son intérêt particulier de l'intérêt général, il apprend par là à mesurer la portée des grands principes républicains : liberté d'expression et d'opinion, respect des croyances et des modes de vie.
- L'esprit de coopération est encouragé , la responsabilité vis à vis d'autrui mise à l'épreuve des faits. La culture de l'engagement ( l'enga -quoi ?????)prend appui sur l'importance de la promesse et du respect des contrats dans la vie civile ( ...) et les engagements pris envers soi-même et les autres.
- Lélève développe son esprit d'initiative et le goût d'entreprendre.
- L'élève dispose d'une culture scientifique et technique qui l'aide à connaitre et comprendre le monde dans lequel il vit ainsi que les grands défis de l'humanité. Il est curieux, se pose des questions et sait rechercher des réponses pertinentes. ( les adultes curieux ????)
- L'élève comprend l'intérêt d'adopter une hygiène de vie qui respecte son propre corps par exemple, grâce à une alimentation équilibrée et la pratique d'activités physiques et sportives.
- L'élève est conscient de la place de l'éthique dans le progrès technologique. Il sait qu'il faut concilier les contraintes techniques et économiques avec le respect de l'Homme et de la nature.
- L'élève est habitué à nourrir sa culture par la lecture, la productions d'écrits divers et l'utilisation des différents médias culturels, la fréquenttaion des musées et des spectacles, la pratqiue d'activités culturelles et artistiques. Il s'est inité à évoquer des oeuvres qu'il a fréquentées et à exprimer ce qu'il en ressent et en sait.
- L'élève a construit une citoyenneté critique et partagée, ouverte à l'altérité.
Alors si on nous caste au socle de compétences de fin de collège, pas sur qu'on le valide !!! ( et je me place dedans bien sûr !!!! )
Ce socle a l'ambition de donner un rôle central à l'attitude citoyenne, à l'esprit de tolérance, d'initiative, de mise en commun, de respect.
Il y a également toute une partie sur l'évaluation que l'on veut davantage positive, constructive, valorisante. (là, c'est un véritable chantier à mettre en oeuvre car les enseignants ont des avis très partagés et très divers à ce sujet, moi-même, je tatonne énormément, je me questionne et je pense qu'une vraie évolution est nécessaire)
Je suis tellement scéptique sur la réussite de la mise en place de tout cela.( et en même temps, je reste enthousiaste et confiante car je préfère toujours l'optimisme)
Car en fait, je dois bien le dire, j'ai confiance en les jeunes et leurs capacités à se mobilier pour atteindre ces belles valeurs et surtout les vivre mais j'ai beaucoup moins confiance en un système,dans des professeurs refusant de questionner leurs pratiques et de les faire évoluer.
Certaines, certains le font, dans la mesure de leurs possibilités, animés par une force de conviction.
Ce qui est attendu d'un jeune en fin de collège est justifié, souhaitable, légitime mais avons-nous vis à vis de nous mêmes les exigences que nous avons envers les élèves ?
Et franchement, n'est-ce alors pas de toute une vie dont on a besoin pour tenter de valider le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. ( titre exact du dossier de 25 pages édité par le conseil supérieur des programmes, en espérant que leurs membres le valident, eux !)
Quoiqu'il en soit, ce texte défend des valeurs universelles qu'il est peut-être encore temps de se donner les moyens d'atteindre, de pratiquer, de vivre.
10:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
11/10/2014
J'ai compris ma colère.
Et donc ma moquerie ironique et mon réel agacement d'hier et d'avant hier avec la psychologue scolaire.
Quand on enseigne pendant plus de 10 ans dans des classes dans lesquelles plus de la moitié des élèves sont en difficultés d'apprentissage profondes, qu'un bon tiers des élèves est suivi par un spécialiste voire un jugement judiciaire pour la famille ou un suivi éducatif très fort, on se rend vite compte qu'avec la meilleurs volonté du monde et la plus grande énergie possible, nous n'arriverons pas à tous les faire progresser scolairement et à tous les sortir de leur situation de vie difficile. C'est le constat déchec qui saute aux yeux en permanence et si on teint c'est parce qu'on y croit, parce qu'on a des projets de folie, parce que nos efforts sont au-delà du possible, parce que nous travaillons en équipe et que nous nous soutenons.
Et surtout c'est parce qu'on se revoit nos objectifs à la baisse, c'est à dire que par faute de temps, de moyens, d'aide, de compétences face à des difficultés scolaires ou sociales très spécifiques, on se dit que si on y arraive avec 1 ou 2 élèves, ce sera déjà vraiment pas mal. Je me souviens m'être dit qu'avec tel ou tel élève j'avais quand même fait avancer les choses et je me forçais à oublier tous ceux pour qui je n'avais pas vraiment changé le cours des choses.
Alors quand on a une classe où nous repérons de façon très précise : 1 enfant au comportement complètement anormal lié à son parcours familial, 1 enfant aux troubles sévères du langage, et 3 enfants en difficultés d'apprentissage dans le démarrage de la lecture et qu'on a un cours simple et 16 élèves dont 11 qui tournent bien, on se se dit qu'on ne peut pas faire autrement que d'y arriver avce ces 5 autres élèves.
On a plus de temps, moins de pression, moins de découragements , moins de spécialistes à rencotrer, de parents à épauler et donc on VEUT y arriver avec tous.
Pour cela, on veut mettre le paquet et donc être soutenu par tous ceux ou celles qui pourraient contribuer à cette réussite potentielle et la psy scolaire en fait partie.
Parce que je ne crois pas qu'on réussit seule dans son coin mais bel et bien en échangeant nos idées et en croisant nos pensées et nos initiatives.
Et donc j'ai douté et j'ai coléré.
Et si, même avec 5 élèves, je n'y parvenais pas.
Le 100% de réussite reste certainement un leurre. La psychologue scolaire me l'a bien rappelé et puis c'est déjà pas mal d'avoir 12 élèves sur 16 en réussite ! ( car celui au comportement difficile n'est pas en difficultés scolaires)
Mais je veux plus car je me sens la force d'aller plus loin au vues des conditions de travail que j'ai cette année.
J'ai compris ma colère mais au final, sera-ce possible de tous les emmener plus loin, je dirais presque de tous les "sauver" ???
Seule non.
A plusieurs, peut-être.
Avec de l'aide spécifique, beaucoup de volonté et peu de découragements, certainement.
Mais on ne peut pas dire à coups sûrs.
En zone difficile, j'étais obligée de m'imposer des objectifs raisonnables sinon j'y laissais ma peau et mon mental ( et je l'ai souvent fait), là, je crois que je peux tenter les objectifs à la hauteur de mes espérances.
Et sans y laisser ma peau même si c'est au prix de beaucoup de travail.
Je crois que ma collègue pstchlogue scolaire ne m'a pas comprise et n'a pas compris mes ambitions pour mes élèves.
L'essentiel est que la colère soit tombée.
En route, pour un WE ultra chargé, du travail pour l'école, plein de choses famille ( et une correspondante polonaise à la masion), 1 mari au travail...
Heureusement que je me suis adoucie pour ne pas me décourager à titre perso également !!!!
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