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22/09/2013

Jour J.

10 + 10 + 10 + 10

20 + 20

4 dizaines

40 unités

quarante

forty

2 billets de 20 ou 4 billets de 10 ou 40 pièces de 1 ou 20 pièces de 2

Tous les matins, en classe, nous faisons un rituel qui s'appelle" Chaque jour compte" durant lequel nous comptons les jours d'école, en ajoutant une paille unité dans le gobelet des unités, en écrivant le nombre en décomposition additive puis en lettres puis en pièce sou billets....

Cela permet de faire de la numération de façon ludique, de manipuler ( le responsable hebdomadaire de ce rituel est ravi !) et de dire, aujourd'hui c'est notre.....jour d'école !

Et bien aujourd'hui, c'est mon quarantième jour de vie !

Je ne pouvais pas ne pas faire un clin d'oeil à ce jour dans mon blog vu que je vous saoule avec cela depuis sa création...

Pour les réflexions plus aprofondies que cela m'inspire, il faudra attendre...car en fait, au moment où j'écris je suis à J moins quelques heures car je sais que demain matin, je n'aurai pas le temps d'écrire et donc là, je fais juste un clin d'oeil ! ( d'où en fait second article de la journée au cas où vous auriez raté le premier,allez-y !)

J'ai 40 ans...je suis 40 ans ( comme les anglais disent I'm forty)j'espère vraiment repartir pour 40 ans en gardant plein de choses de ma vie actuelle, en en redécouvrant plein d'autres et en savourant vraiment La VIE.

 

PS : cet article n'est pas fait pour qu'on n'oublie pas mon anniversaire ahaha !!!!! Je n'attends jamais de messages précis et suis toujours surprise par ceux et celles qui y pensent et ceux et celles qui n'y pensent pas !!!!( sachant qu'on peut y penser sans le dire à la personne ahahah, moi je suis assez forte pour cela car je pense beaucoup aux gens que j'aime sans leur dire, je les porte dans mon âme et mes pensées et mon coeur très très fréquemment mais ces personnes ne le savent pas au moment où j'y pense !!!)

 

Moi, prof des écoles, avancées, stagnations,reculs.

Je n'évoquerai pas ici des compétences disciplinaires ou pédagogiques mais plutôt une réflxion sur mon savoir être de prof avec ses différents états cités dans le titre et surtout mes prises de conscience pour tenter d'améliorer mes nombreux mal-être encore bien présents liés à mon métier.

Je crois pouvoir dire que mes avancées sont :

  • Savoir définitivement que je ne suis absolument pas indispensable à quelques élèves qu'ils soient,issus de n'importe quel milieu social, allant dans n'importe quelle école. Je sais désormais que notre marge de manoeuvre est très faible mais cela ne veut pas dire que je n'essaie pas.
  • Prise de recul bien plus fréquente sur de nombreux sujets : attentes de l'inspection, réflexions de parents, conversations conflictuelles avec des collègues et d'autres choses encore pour lesquelles je me surprends à dire "tant pis mais je ne dois pas m'en rendre malade."
  • Une meilleure organisation de mon temps en classe en acceptant de terminer fréquemment des activités au moins 10 minutes avant la sortie afin de ranger, nettoyer, faire mon cartable pendant le temps de classe. Cela ne veut pas dire que j'en fais moins mais je me dis que ces activités-là, après tout, font aussi partie du temps scolaire mais là, vraiment, c'est une vraie avancée car cela me coûte encore d'agir ainsi. Le mercredi midi, je pars avec mes élèves, cartable en mains, volets de classe déjà fermés, brrrr, je me sens complètement illégitime à agir ainsi.( avancée pas complètement assumée donc !)

Je crois pouvoir dire que mes stagnations sont :

  • Un certain sérieux, une certaine rigueur que je m'impose dans mes préparations de cours mais nécessaire au bon déroulement et de la gestion du cours double. ( franchement bien plus difficile qu'un cours simple même si celui-ci a des niveaux d'élèves bien différents, je l'ai fait et vraiment en terme de préparations, ce n'est pas pareil ainsi qu'en terme de gestion de classe.)
  • Difficile de refuser un rendez-vous à un parent, ( c'est normal...), de refuser de discuter 15 minutes au portail alors que celane m'arrange pas, difficile de rester en conflit avec un collègue quitte à plier un peu sur mes idées ou propositions.
  • Réinventer et retravailler chaque année à partir d'un thème, c'est contraignant mais motivant, c'est épuisant mais inovant, c'est beaucoup de recherches, beaucoup d'idées et de réalisations concrètes à remettre en place à chaque fois.
  • Préparer mes cahiers du jour à la main, avec ma belle écriture, chaque modèle de CP deux fois par semaine, chaque modèle de Ce1 une fois par semaine ( une avancée : l'autre fois, c'est une photocopie !) ainsi que pour le CE1 pendant 4 mois, tous les points de présentation et les majuscules pour aider au repérage sur la page du cahier.Cela prend beaucoup de temps mais je sais que cela stagnera, c'est un vrai gage de qualité dans les cahiers.
  • Tenter un vrai enseignement varié malgré ses points forts ( français, musique, chorale, arts, lecture) et ses points faibles ( sciences, sport, informatique, éducation civique).Je ne supporte pas l'école élémentaire qui se cantonne aux maths et au français mais j'observe que ceux qui la pratiquent se posent moins de questions que moi et ne passent pas un après-midi entier à chercher des chants sur le thème du rêve ou à écouter des chants même dans la voiture....
  • Arriver tôt à l'école pour préparer ( car si je range sur le temps de classe, pas question de préparer des peintures ou des affichages devant les élèves.) et y'a pas à dire mais quand mes CP arrivent en classe avec sur leur table tout ce qu'il faut pour se mettre au travail, cela me permet une meilleure pédagogie avec le groupe de CE1. C'est pareil pour des tableaux bien préparés, des feuilles bien rangées, des affiches prêtes, du matériel sportif ou musical prêt à l'emploi.
  • Travailler de deux à quatre heure chaque WE, c'est pour moi une condamnation à perpet dont je ne vois pas le bout. Malgré tous mes efforts d'organisation, avec le mercredi matin en moins chez moi, avec ma journée sans élèves durant laquelle je dois m'occuper parfois de beaucoup d'autres choses que l'école, et bien, il s'avère qu'il reste toujours ou des corrections, ou des séquences non terminées, ou des étiquettes à couper, ou des affiches à refaire, ou des chants à répéter, ou plein d'autres choses à faire. Cela ne veut pas dire que je fais plus d'heures qu'un travailleur lambda car le soir, cette année, quand je finis tôt je gère plus ma famille mais cela veut dire que je dois prévoir ce temps et que cela me génère encore beaucoup de stress.

Je crois pouvoir dire que mes reculs sont ( et je n'en suis pas fière mais peut-être assureront-ils ma survie dans le métier !) :

  • Une vraie prise de recul sur certains points comme cette année, la stagiaire qui est dans ma classe le vendredi. Il y a 15 jours, je l'ai vue un soir, elle voulait me montrer ses préparations pour le vendredi suivant, je me suis surprise à penser que j'en n'avais rien à faire, que je n'allais pas passer du temps à valider ou conseiller ou aider, ouais, j'étais détachée de ses difficultés. Honte à moi...mais marre de la bonne conscience, marre de donner sans reconnaissance. Je réponds à ses mails assez nombreux, je lui laiasse un mot chaque jeudi soir, je suis aimable mais je reste détachée.
  • Une pression personnelle moins forte, je ne suis pas responsable de tout, je ne peux pas faire réussir tout le monde, je ne peux pas plaire à toutes les familles, tous les collègues, tous les enfants. Vous me direz que c'est une avancée....pas sûr....car avec cette mentalité, on prend moins les choses à coeur alors oui, cela mange moins de l'intérieur mais c'est moins motivant, moins exaltant, moins intéressant de se dire qu'aller, ce n'est pas grave, je n'y peux rien. A force, on peut finir par ne plus croire en rien et donc ne plus rien inventer....le ronron...quelle horreur !
  • Des signes de fatigue physique et psychologique qui restent nombreux malgré toute ma bonne volonté de prendre du recul...insomnies, maux de ventre, soupirs en classe, cris envers certains élèves, découragements fréquents face à l'aspect discipline et la gestion du groupe, envie que l'horloge tourne plus vite....tout cela, je le vis encore quasiment chaque jour, en tout cas bien plus fréquemment que le plaisir, la joie, la sérennité, la satisfaction, le sentiment du travail bien fait sans trop de difficultés en amont. C'est un vrai recul car j'ai toujours l'espoir que cela s'améliore surtout que je travaille psychologiquement à cela ( même ma voix perçante, j'essaie de la canaliser mais rares sont les journées où je ne pousse pas un coup de geule et où je ne m'énerve pas en classe) et donc je me sens en plus qu'en recul, oserais-je dire en échec.

Nous sommes dimanche, je vais travailler une heure dans la maisonnée calme puis, après quelques préparatifs, je vais partir au Grand DEJ des associations car les scouts aident le comité départemental handisport, je vais profiter de cette journée car je vais retrouver des personnes que j'adore, je vais rencontrer des personnes inconnues jusqu'à ce jour. Le bonus c'est que nous y allons en famille, mes ados, ma louloute, mon chéri, c'est rare un dimanche à oeuvrer ensemble.

Cet aparté n'a pas de lien avec l'article...si, si,....ne pas donner un dimanche complet à l'école même si mon vendredi et samedi n'ont pas été assez productifs, c'est une vraie avancée....

Lundi matin, je dépose mon fils à la gare à 6h55, 10 minutes plus tard, je serai dans ma classe....alors ça vaut bien un dimanche à tenter de penser à autre chose non ?

20/09/2013

L'essentiel n'est pas forcément où l'on croit.

Depuis maintenant trois vraies semaines, mon Essentiel s'est vécu en superposant beaucoup d'essentiels, en mettant côte à côte plusieurs essentiels, en hiérachisant mes essentiels.

Ainsi, il fut Essentiel et non superficiel pour moi de :

  • Préparer mes cours, penser mes nouveaux projets, être à jour dans mes corrections, honorer les réunions, les demandes de rendez-vous de parents ( déjà !), connaître mes élèves, m'adapter à mes élèves.
  • D'être à jour dans mes lessives, de remplir le frigo de façon décente même si pas toujours très équilibrée ou inventive ! De faire un peu de ménage en complément de l'aide apportée par mon employée de maison.
  • De conduire tout le monde à bon port et à l'heure aux diverses activités même si cela me donne un tournis innommable !
  • De parer aux oublis d'achats, aux besoins non prévus (" heu l'oreiller que vous m'avez filé pour l'internat, il est vraiment en état pitoyable..."," maman, le maître, il a dit que demain dernier délai tout le monde devait avoir son équerre", " j'aimerais vraiment un lisseur pour mes cheveux, regarde comme ils sont trop ondulés","c'est possible de prendre une heure pour m'acheter un sac de sport un peu moins ringard?( il n'a pas osé ce mot mais nous en avons déduit que c'était l'idée dans sa façon d'amener la demande)"....facile de redonner chaque phrase à chacun de mes enfants !!!!), aux demandes de certains profs pour tel matériel ou aux besoins tout simplement réels de saison.
  • D'écouter au maximum les personnes qui m'entourent à savoir mon mari, mes enfants, mes collègues, ma famille élargie et mes camarades bénévoles. Ainsi, je me cultive sans cesse au sujet du passionnant travail de mon homme, des passionnantes anecdotes scolaires de mes enfants, des passionnantes idées de mes collègues, des passionnants projets avec les scouts, des passionnantes histoires concernant ma famille élargie pas toujours simples à suivre ou à comprendre.
  • Tenter de penser aux préparatifs de ma fête des 40 ans mais aussitôt désespérer de ne pas avoir le temps de mettre mes idées en pratique !
  • De faire preuve de réactivité dès qu'un imprévu se présente comme une petite réunion au lycée ce soir annoncée mardi !
  • Bref....tout cela a bien constitué l'Essentiel de mes préoccupations, pensées ou activités mais voilà, mardi matin, au petit déjeuner, il est à peine 7 heures et mon mari me dit " Tu me manques" et je lui réponds : "Vu que tu prends tard ce matin, tu pourras faire un feu de cheminée car le soir quand on rentre, on a vraiment froid et c'est pénible"

Nous nous sommes regardés et nous avons ri...ma réponse essentiellement basée sur un confort matériel qui faisait écho à une affirmation essentiellement plus importante,comment dire plus existencielle,oui il était Essentiel d'en rire !

En me préoccupant des essentiels ( et pas de façon parfaite, non, ce temps-là est révolu mais quand même de façon sérieuse ), je passais alors à côté de l'Essentiel, sans doute.

Cet Essentiel qui fait que nous avons une vraie raison de vivre. Cet Essentiel est propre à chacun et pas forcément lié à une vie amoureuse ou familiale mais il est certainement en lien avec l'Amour au sens large.

Il était Essentiel que cette petite phrase matinale m'accompagne dans mes pensées tout au long de cette semaine.

J'ai raté ma première réponse mais j'espère avec réussi les bribes de réponses suivantes.

Manquer à une personne n'est pas en soi Essentiel pour recentrer ses essentiels mais être touchée et questionnée par une petite phrase, aussi anodine qu'elle puisse paraitre, reste essentiellement ce à quoi j'aspire.

Voir l'Essentiel qui se cache.

Ecouter l'Essentiel qui se fait silencieux.

Toucher l'Essentiel qui se fait petit.

Accepter aussi d'être l'Essentiel de son Essentiel : Tu me manques, tu m'es essentielle, ce qu'on partage est essentiel, plus que tous les essentiels cités plus haut.

Et l'Essentiel...tout le monde le sait, contrairement au superficiel, cela est et restera ce dont on ne peut pas se passer.