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22/09/2013

Moi, prof des écoles, avancées, stagnations,reculs.

Je n'évoquerai pas ici des compétences disciplinaires ou pédagogiques mais plutôt une réflxion sur mon savoir être de prof avec ses différents états cités dans le titre et surtout mes prises de conscience pour tenter d'améliorer mes nombreux mal-être encore bien présents liés à mon métier.

Je crois pouvoir dire que mes avancées sont :

  • Savoir définitivement que je ne suis absolument pas indispensable à quelques élèves qu'ils soient,issus de n'importe quel milieu social, allant dans n'importe quelle école. Je sais désormais que notre marge de manoeuvre est très faible mais cela ne veut pas dire que je n'essaie pas.
  • Prise de recul bien plus fréquente sur de nombreux sujets : attentes de l'inspection, réflexions de parents, conversations conflictuelles avec des collègues et d'autres choses encore pour lesquelles je me surprends à dire "tant pis mais je ne dois pas m'en rendre malade."
  • Une meilleure organisation de mon temps en classe en acceptant de terminer fréquemment des activités au moins 10 minutes avant la sortie afin de ranger, nettoyer, faire mon cartable pendant le temps de classe. Cela ne veut pas dire que j'en fais moins mais je me dis que ces activités-là, après tout, font aussi partie du temps scolaire mais là, vraiment, c'est une vraie avancée car cela me coûte encore d'agir ainsi. Le mercredi midi, je pars avec mes élèves, cartable en mains, volets de classe déjà fermés, brrrr, je me sens complètement illégitime à agir ainsi.( avancée pas complètement assumée donc !)

Je crois pouvoir dire que mes stagnations sont :

  • Un certain sérieux, une certaine rigueur que je m'impose dans mes préparations de cours mais nécessaire au bon déroulement et de la gestion du cours double. ( franchement bien plus difficile qu'un cours simple même si celui-ci a des niveaux d'élèves bien différents, je l'ai fait et vraiment en terme de préparations, ce n'est pas pareil ainsi qu'en terme de gestion de classe.)
  • Difficile de refuser un rendez-vous à un parent, ( c'est normal...), de refuser de discuter 15 minutes au portail alors que celane m'arrange pas, difficile de rester en conflit avec un collègue quitte à plier un peu sur mes idées ou propositions.
  • Réinventer et retravailler chaque année à partir d'un thème, c'est contraignant mais motivant, c'est épuisant mais inovant, c'est beaucoup de recherches, beaucoup d'idées et de réalisations concrètes à remettre en place à chaque fois.
  • Préparer mes cahiers du jour à la main, avec ma belle écriture, chaque modèle de CP deux fois par semaine, chaque modèle de Ce1 une fois par semaine ( une avancée : l'autre fois, c'est une photocopie !) ainsi que pour le CE1 pendant 4 mois, tous les points de présentation et les majuscules pour aider au repérage sur la page du cahier.Cela prend beaucoup de temps mais je sais que cela stagnera, c'est un vrai gage de qualité dans les cahiers.
  • Tenter un vrai enseignement varié malgré ses points forts ( français, musique, chorale, arts, lecture) et ses points faibles ( sciences, sport, informatique, éducation civique).Je ne supporte pas l'école élémentaire qui se cantonne aux maths et au français mais j'observe que ceux qui la pratiquent se posent moins de questions que moi et ne passent pas un après-midi entier à chercher des chants sur le thème du rêve ou à écouter des chants même dans la voiture....
  • Arriver tôt à l'école pour préparer ( car si je range sur le temps de classe, pas question de préparer des peintures ou des affichages devant les élèves.) et y'a pas à dire mais quand mes CP arrivent en classe avec sur leur table tout ce qu'il faut pour se mettre au travail, cela me permet une meilleure pédagogie avec le groupe de CE1. C'est pareil pour des tableaux bien préparés, des feuilles bien rangées, des affiches prêtes, du matériel sportif ou musical prêt à l'emploi.
  • Travailler de deux à quatre heure chaque WE, c'est pour moi une condamnation à perpet dont je ne vois pas le bout. Malgré tous mes efforts d'organisation, avec le mercredi matin en moins chez moi, avec ma journée sans élèves durant laquelle je dois m'occuper parfois de beaucoup d'autres choses que l'école, et bien, il s'avère qu'il reste toujours ou des corrections, ou des séquences non terminées, ou des étiquettes à couper, ou des affiches à refaire, ou des chants à répéter, ou plein d'autres choses à faire. Cela ne veut pas dire que je fais plus d'heures qu'un travailleur lambda car le soir, cette année, quand je finis tôt je gère plus ma famille mais cela veut dire que je dois prévoir ce temps et que cela me génère encore beaucoup de stress.

Je crois pouvoir dire que mes reculs sont ( et je n'en suis pas fière mais peut-être assureront-ils ma survie dans le métier !) :

  • Une vraie prise de recul sur certains points comme cette année, la stagiaire qui est dans ma classe le vendredi. Il y a 15 jours, je l'ai vue un soir, elle voulait me montrer ses préparations pour le vendredi suivant, je me suis surprise à penser que j'en n'avais rien à faire, que je n'allais pas passer du temps à valider ou conseiller ou aider, ouais, j'étais détachée de ses difficultés. Honte à moi...mais marre de la bonne conscience, marre de donner sans reconnaissance. Je réponds à ses mails assez nombreux, je lui laiasse un mot chaque jeudi soir, je suis aimable mais je reste détachée.
  • Une pression personnelle moins forte, je ne suis pas responsable de tout, je ne peux pas faire réussir tout le monde, je ne peux pas plaire à toutes les familles, tous les collègues, tous les enfants. Vous me direz que c'est une avancée....pas sûr....car avec cette mentalité, on prend moins les choses à coeur alors oui, cela mange moins de l'intérieur mais c'est moins motivant, moins exaltant, moins intéressant de se dire qu'aller, ce n'est pas grave, je n'y peux rien. A force, on peut finir par ne plus croire en rien et donc ne plus rien inventer....le ronron...quelle horreur !
  • Des signes de fatigue physique et psychologique qui restent nombreux malgré toute ma bonne volonté de prendre du recul...insomnies, maux de ventre, soupirs en classe, cris envers certains élèves, découragements fréquents face à l'aspect discipline et la gestion du groupe, envie que l'horloge tourne plus vite....tout cela, je le vis encore quasiment chaque jour, en tout cas bien plus fréquemment que le plaisir, la joie, la sérennité, la satisfaction, le sentiment du travail bien fait sans trop de difficultés en amont. C'est un vrai recul car j'ai toujours l'espoir que cela s'améliore surtout que je travaille psychologiquement à cela ( même ma voix perçante, j'essaie de la canaliser mais rares sont les journées où je ne pousse pas un coup de geule et où je ne m'énerve pas en classe) et donc je me sens en plus qu'en recul, oserais-je dire en échec.

Nous sommes dimanche, je vais travailler une heure dans la maisonnée calme puis, après quelques préparatifs, je vais partir au Grand DEJ des associations car les scouts aident le comité départemental handisport, je vais profiter de cette journée car je vais retrouver des personnes que j'adore, je vais rencontrer des personnes inconnues jusqu'à ce jour. Le bonus c'est que nous y allons en famille, mes ados, ma louloute, mon chéri, c'est rare un dimanche à oeuvrer ensemble.

Cet aparté n'a pas de lien avec l'article...si, si,....ne pas donner un dimanche complet à l'école même si mon vendredi et samedi n'ont pas été assez productifs, c'est une vraie avancée....

Lundi matin, je dépose mon fils à la gare à 6h55, 10 minutes plus tard, je serai dans ma classe....alors ça vaut bien un dimanche à tenter de penser à autre chose non ?

Commentaires

J'arrive une semaine après la bataille mais je laisse quand même une petite trace ici pour te souhaiter un bon anniversaire et pour te (re)dire que je me reconnais à beaucoup de points de vue sur notre boulot. Ca ne fera pas avancer le schmilblick mais je l'dis quand même !
Bon dimanche (avec ou sans école....)

Écrit par : cookie | 29/09/2013

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