La photo racontée.

Sacrilège, j'ai oublié d'emmener mon appareil photo pour ces trois jours à Métabief.

Alors que je défends ardemment la photo mentale, celle qui s'inscrit dans notre cerveau pour toujours, sans avoir besoin de prendre tout le temps tout et rien en photo, là, mon appareil me manque car je vois des paysages magnifiques que j'aurais voulu garder en vraie photo.

Petit chalet tout au bout du bout du village.

Notre vue est un magnifique pré à mi-chemin entre campagne et moyenne montagne.

Le jardin est séparé du pré par un vrai barbelé de pré, celui avec les petits pics.

Une petite route longe le pré.

Au loin, de la moyenne montagne.

Mais la photo racontée c'est elle : vision du pré sous un ciel bleu magnifique et un soleil en pleine face puis retour des vaches dans le pré au son de leurs nombreuses cloches. Au loin, leur mangeoire et la citerne d'eau.

Cette scène observée de 16h à 19h tout au long de la descente du soleil a donné de magnifiques photos...racontées.

Car imaginez que grâce au soleil couchant, le ciel s'est teinté d'un magnifique orangé et que les vaches, la mangeoire, la citerne d'eau, le pylône électrique, la route sont alors apparus en contre jour, comme des figurines et objets noirs détachés du paysage complètement coloré d'orange.

C'était juste magnifique, vraiment.

Zut de zut que je n'avais pas pris mon appareil photo.

Et comme nos téléphones portables ne font pas de photos, surtout le mien étant dinosaure et celui de mon mari un tout simple.

Juste la photo mentale.

C'est vrai que j'aime les photos mentales mais là, j'aurais aimé immortaliser ce changement de paysages au fil des minutes.

Une carte postale.

La photo racontée, je ne peux mieux faire.

J'ai hâte de revoir le pré, les vaches, le ciel, les objets du pré, la petite route, le fil barbelé, la moyenne montagne...demain au lever du jour....puis à notre retour de rando, je contemplerai encore cette si jolie photo racontée pour qu'elle devienne une belle photo mentale ancrée dans ma mémoire.

Adoucie.

Il fallait quand même que je vienne changer ce titre même qi je n'ai pas l'âme à écrire ces jours-ci !

Merci à l'amie qui m'a soufflé le changement de titre suite à notre discussion.

Adoucie car sans élèves, oh, comme c'est bon !

Adoucie car sans réunion débile de l'éducation nationale, hum, je savoure !

Adoucie par les deux jours passés avec ma filleule, sa soeur et ma fille ! Bonheur de prendre le temps de faire des choses sympas et agréables en plus des moments discussions! Bonus pour le film des Trolls, ça m'a mis la pêche ! Même si mes pensées des deux jours furent tourmentées, le bonheur ( qui est en nous comme disent les Trolls !!!) l'a emporté !

Adoucie par le magnifique WE des 70 ans du groupe scout, je suis en train de trier les films, les photos, je vais poster un résumé sur le groupe facebook de notre territoire Bourgogne scout, je vais faire un panneau avec des photos développées pour notre marché de Noël, bref, je surfe sur la joie vécue durant ce bel événement. ( mais ça me prend plein de temps et donc j'écris moins !)

Adoucie par la belle journée amicale passée avec mes trois amies instits anciennes collègues de Fontaine d'Ouche, de superbes discussions, des rires, des confidences et une marche au-dessus de Corcelles qui m' laissé quelques courbatures, un bel adoucissement pour nous toutes qui en avons ras le bol de l'éducation nationale !!!

Adoucie par les entrevues avec mes grands enfants, j'apprends à profiter des moments à la volée...un repas pizzéria improvisé dimanche midi, une arrivée d'un grand non prévue, une discussion tardive au téléphone avec la grande Lyonnaise, une très grande discussion tardive avec mon grand fils dans la cuisine, une séance shopping avec la petite dernière ravie de ses achats et un repas improvisé avec papy/mamy !

Adoucie à l'idée de partir demain deux jours et demi en amoureux avec chéri qui a bien besoin que je pense aussi à lui et que je m'adoucisse un peu !!!

Adoucie par l'enthousiasme de préparer les 18 ans des grands en famille avec quelques petites surprises et la recherche/achat des cadeaux.

Adoucie, c'est plus chouette qu'aigrie, y'a pas photo.

Adoucie.

Aigrie ?

L'aigreur, un sentiment que je n'apprécie pas du tout, le contraire de l'enthousiasme et de la joie !

Je ne suis pas du tout d'un tempérament aigri, je me réjouis très facilement des choses, j'adore les petits riens du quotidien, les grands tout, les simplicités.

Et pourtant...hier, dans mon école du lundi, 4 stagiaires professeurs des écoles sont présents dans les classes de mes collègues qui font office de maitre d'accueil temporaire et de formateur.

Au déjeuner donc, nous étions tous ensemble.

Et là, j'ai vu que j'étais aigrie car je ne parvenais pas à engager la discussion avec eux puisque je n'avais envie de leur dire que des choses négatives sur le métier, que des déceptions, que des peurs et des stress.

Bref, j'allais les décourager et passer pour la vieille enseignante aigrie.

J'ai choisi de me taire et de laisser leur enthousiasme de jeune professeur faire rire la tablée.

Je voulais leur dire de partir en courant mais en même temps, je ne voulais pas décourager ce sang neuf dont l'éducation nationale a tant besoin pour remplacer les vieilles aigries comme moi...

J'ai souffert en classe ces jours-ci. Pas de difficultés majeures à gérer mais une grande lassitude à faire de la discipline, à tenter de faire comprendre l'incompréhensible à des élèves en grande difficulté, à entendre les cris des enfants sous les préaux mouillés, à supporter les réunions officielles mortellement ennuyeuses.

Je déteste être aigrie.

Je tente de me sauver moi-même de cette aigreur qui me tombe dessus.

Je garde l'enthousiasme pour tout le reste mais, ça, prof, vraiment, c'est dur et ça m'aigrit, à mon grand désespoir d'enthousiaste.