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13/09/2015

Autour de la grande allée.

Vendredi, j'y suis allée.

En bas à droite de la grande allée, une petite allée et un moment intime.

Puis, j'ai pris la grande allée centrale pour aller voir ma grand-mère et mon grand-père.

Je suis montée énergiquement, toute imprégnée de mes souvenirs d'enfants, sur cette allée.

Un dimanche sur deux, ma mère, mon père et moi emmenions ma grand-mère au cimetière, entre mes 0 et 15 ans, il était hors de question d'échapper à ce rituel...que j'aimais beaucoup !

Je courais, j'allais chercher le grand arrosoir vert suspendu à l'entrée, c'était trop drôle de faire tourner la fontaine pour le remplir d'eau. Régulièrement, je le faisais déborder, il était trop lourd l'arrosoir !

Puis, je marchais sur cette grande allée, avec sa jolie montée qui faisait parfois transpirer.

Il fallait passer le grand croisement et c'est à droite après le seconde grande poubelle carrée en fer beige.

Là, dans l'allée, la belle tombe grise de mémé et pépé. Je n'avais pas encore vu l'inscription de ma grand-mère, à peine plus d'un an...

J'ai repensé à tous ces moments où mémé nettoyait la tombe avec une minutie déconcertante. Il ne fallait pas laisser un grain de poussière, un millimètre de feuille morte, un gravier égaré ! Ma mère se disputait gentiment avec sa mère pour lui dire que c'était bon, là, elle était propre, les fleurs étaient belles, le gravier bien disposé !

Et moi, je voulais essuyer mais souvent je ne faisais pas comme elle voulait. Mais j'avais le droit d'aller jeter les fleurs pourries dans le grand bac en fer beige le long de l'allée et j'adorais cela ! Quelle insouciance !!!!

Quand on redescendait, je courais encore et souvent je tombais ! Ma grand-mère adorait raconter que j'avais troué plus d'un collant et écorché plus d'un pantalon en redescendant la grande allée !

J'ai presque tout fait pareil vendredi dernier, presque.

Je suis allée vers mes grands-parents avec ces souvenirs en tête.

Rien n'avait changé, hormis le nom de mémé sur la tombe. Autour, pas de changement, elle est la dernière arrivée du coin. C'est bizarre comme les noms d'à côté peuvent paraitre familiers car il faut dire que j'en ai passé, du temps, petite, à lire et relire ces noms, pendant les séances de nettoyage !

Mais quand j'ai descendu l'allée, je n'ai pas couru, je n'ai pas ri, je n'ai pas crié " mémé, regarde comme je cours, mémé, c'est moi qui vais poser l'arrosoir, mémé, c'est moi qui jette les vieilles fleurs, mémé, je vais regarder les noms des maisons". Je n'ai pas troué mon pantalon.

J'ai cru que j'allais m'évanouir, là, seule, au milieu de la grande allée.

Mon corps fut oppressé, mes jambes ne me portaient plus trop, ma tête et mon coeur étaient engourdis.

Le silence, mon grand ami habituel ( j'aime le silence des regards, des caresses, des pensées, des sms, des mails, des "côte à côte" sans se parler), ce silence devenait un ennemi détestable car c'était un silence de mort.

J'ai réussi à atteindre ma voiture, je me suis assise en regardant cette grande allée si familière.

J'ai allumé la radio et j'ai quand même repensé à ces moments de joie vécus dans la grande allée car ils ont bel et bien existé.

Pour la petite allée sur la droite, je me suis dit que j'y retournerai mais accompagnée puis seule.

Autour de la grande allée, tellement de gens que j'ai aimés et que j'aime encore silencieusement.

 

12/09/2015

Je récolterai ce que je sème.

Pour celles et ceux qui me suivent depuis le début, je peux dire que je suis sortie de mon état de mini-crise de la quarantaine avec cette envie destructive de mon travail.

Il y a trois ans, j'aurais fait n'importe quoi pour jeter mon métier, j'aurais pu agir sur un coup de tête, je voulais m'en débarrasser.

C'est toujours le cas mais pas dans l'esprit crise et plutôt dans l'esprit construction pour le long terme.

Je vais semer des cailloux, je vais prendre mon temps, mais je vais agir.

Déjà, agir en osant le dire pour de vrai. Une fonctionnaire qui veut se barrer, ça parait toujours être un caprice alors que c'est le résultat d'un vrai cheminement intellectuel.

Agir en prenant des contacts et en se faisant un réseau dans le domaine qui m'attire à savoir le milieu associatif. Les postes sont rares mais ils existent. Pour preuve, le poste de "mes rêves" qui était là pour le premier octobre. Animateur de réseaux de solidarité au secours catholique. Un poste était à pourvoir pour cet automne pile dans mon secteur géographique. J'ai eu vent de ce poste car avec mon groupe scout nous sommes en partenariat avec cette antenne du secours catholique et au mois de juin, quand j'ai participé à l'une des journées diocésaines de cette antenne, j'ai rencontré des gens, des bénévoles et des salariés et j'ai sympathisé avec certains.

Agir. La semaine passée, j'ai rencontrée l'une des salariés, nous avons discuté et bien sûr, elle m'a vraiment confirmé que le poste est à pourvoir de suite. Mais elle m'a donné plein de conseils, de pistes sur d'autres associations proposant le même genre de postes, elle m'a encouragée à rencontrer certaines personnes, à faire part de mon projet, à semer des cailloux.

Agir en sachant exactement comment on peut quitter l'éducation nationale car ce n'est pas chose simple. Bien sûr, je préfèrerais passer par une prise de disponibilité mais elles sont données au compte gouttes. La démission, est-ce raisonnable et surtout comment cela se passe ? Donc agir....j'ai Rendez-vous le 9 octobre avec le service spécialisé du rectorat,j'y suis déjà allée il y a trois ans, j'avais bien vu qu'ils ne pouvaient pas m'aider à me reconvertir ( trop de demandes ma ptite dame de gens qui veulent partir !) mais au moins ils vont savoir répondre à mes questions pratiques de demandes, de préavis, de devoirs, de droits, enfin je l'espère.

Parce que je suis plus apaisée sur le sujet, je pense que je récolterai ce que je vais semer.

Pas de précipitation. Deux ou trois ans ce serait l'idéal pour construire une vraie reconversion dans un domaine qui me plait.

Financièrement, ce domaine ne rémunère pas trop mais l'avantage est que lorsqu'on a été prof à temps partiel toute sa vie, on n'a jamais gagné plus de 1500€ net par mois. Je ne suis donc pas habituée à plus, notre vie est construite en fonction de cela ( et nous ne sommes pas malheureux, le seul vrai tournant aura lieu quand nous ne toucherons plus les allocations familiales d'un seul coup, triplés obligent...)et donc le salaire n'est pas ma priorité du changement.

Je sème et je vais semer.

Je récolterai, je dois avoir confiance pour avancer.

La crise est destructrice.

L'acte de semer est porteur.

La récolte est inconnue mais je crois véritablement qu'elle aura lieu.

10/09/2015

Je me cogne contre mes rêves.

Ce soir, avant d'aller dormir, après une journée vraiment éreintante ( classe + réunion de parents), je me cogne encore contre mon rêve de la nuit passée, ce rêve qui m'a tenue éveillée la fin de ma nuit, qui m'a tenue abattue durant mon aller au travail, qui m'a tenue dans l'incompréhension dans mon trajet retour du travail.

Je ne raconterai pas ce rêve en entier dont je me souviens très précisément des images et des dialogues.

Je me cogne contre ce rêve...

Nous sommes réunies, les quatre amies au restau comme nous avions l'habitude de le faire pour une petite soirée filles à nous raconter nos vies, à rire, parfois pleurer mais tellement rire.

Ma chère amie qui nous manque tant depuis seize jours est là, belle comme à son habitude et nous raconte le malheur que vit une de ses amies. Sauf que ce qu'elle nous raconte c'est en fait la réalité qu'elle vient de vivre, elle nous parle d'une amie à elle morte d'un cancer. Elle parle de tout ce qui vient d'arriver mais en parlant de quelqu'un d'autre.Elle est d'une empathie habituelle et nous raconte comment elle va aider cette famille. ( je m'arrête là car déjà peut-être trop de détails, je ne sais pas ce que je peux dire et ne pas dire)

Je me cogne contre ce rêve car je me réveille en me disant que oui, c'est vrai, je me souviens, on a mangé au restau hier et elle nous a raconté cela...mais non je me cogne, je me cogne, je rêve que oui, elle me parle d'une autre personne, oui je me cogne, oui je rêve qu'une autre personne que je ne connais pas, que je n'aime pas, ait eu ce cancer là. Je rêve du malheur d'une autre famille, je suis méchante ? Oui, une autre famille,pas mon amie.

Je me cogne contre ce rêve car je n'y vois aucun signe, aucun message si ce n'est celui de me rappeler cette réalité que je ne veux pas vivre.

Je me cogne contre ce rêve car moi, je suis là, et je ne sais pas comment aider cette famille que j'aime tant, comment avoir les bons mots, les bons gestes, les bonnes actions, je ne sais pas et je rêve de savoir, je rêve d'apporter quelque chose mais quoi.

Je me cogne contre mon rêve et ça me fait mal à la tête. Dans la voiture, le soleil m'éblouit et j'ai envie de dire "ta gueule" au soleil, hein, tu ne peux pas t'arrêter de briller, punaise de soleil, tu m'agresses ce matin quand je me cogne dans mon rêve sur le chemin de travail.

Je me cogne dans mon rêve et cela me fait mal au coeur. Elle est si belle et si vivante dans mon rêve mais ce n'est qu'un rêve, punaise, j'ai des bosses au front, je me cogne, je me cogne.

Dans la journée, j'oublie mon rêve, totalement, pas une pensée , pas un bleu de cognement.

Puis, le soir, je me recogne...je me questionne...

J'ai peur de rêver encore.

J'ai peur de rêver et de me cogner trop fort.

J'ai peur de rêver la réalité.

Je me cogne contre mon rêve.

Mon rêve de petites mamies au restau nous racontant nos longues vies ( et tant d'autres rêves liés) n'est plus possible et ça, ça cogne fort dans la tête.