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06/04/2016

Y a-t-il un pilote dans l'avion de l'éducation nationale ?

L'an passé, ma collègue de temps partiel avec qui je m'entendais super bien et avec qui j'avais oeuvré sur les dossiers délicats d'enfants en difficultés, aimait bien me dire cette phrase quand nous étions confrontées à l'absence de soutien, de suivi, de propositions, de réponses à nos actions.

A., ma collègue de l'an passé s'est reconvertie en professeur des écoles, un choix donc. Comme elle avait exercé dans le privé sur un poste d'ingénieur, elle a une vision assez juste de notre métier et elle s'est souvent étonnée du pilotage de la machine d'où son questionnement sur le pilote.

Hier, vers 16h20, alors que je m'apprête à me rendre à mon stage à la MECS, après avoir préparé pour le remplaçant ma matinée de mercredi puisque je suis en formation en rectorat, bim bam boum, mon directeur vient m'apprendre que, malgré notre relance- rappel à l'inspection de mon stage ( car oui sur trois mercredis de formation, il y en a eu 1 où le remplaçant n'était pas prévu et 1 où il est arrivé en retard donc maintenant on prend les devants) et bien il y a eu oubli et qu'il n'y aura pas de remplaçant pour ma classe.

Mais punaise, qui pilote comme dirait A. ?

Cette formation est inscrite au plan de formation.

J'ai reçu un ordre de mission pour m'y rendre.

Nous prenons le soin de reprévenir le secrétariat quelques jours auparavant.

Je prépare ma classe sérieusement pour le remplaçant.

Je dois réadapter ma préparation de jeudi puisque ce que j'avais prévu mercredi n'aura pas été fait.

Ils me gonflent et je reste polie.

La consigne fut de contacter les familles pour que le maximum d'élèves restent chez eux, ce qu'a dû faire ma collègue car je partais à la MECS et mon directeur en réunion avec le collège.

Résultat des courses, une petite moitié devrait être présente ce matin et répartie dans les classes de mes collègues qui n'ont pas d'autres choix que de subir et que de piloter l'école, eux !

Bien évidemment, cela me contrarie mais je vais quand même me rendre à ma dernière journée de formation même si je suis bien fatiguée par les journées à rallonges.

Je me rendrai dès 17h à la MECS pour ma dernière fois en stage là-bàs et malgré la fatigue, je savourerai cette belle expérience qui m'a été offerte de rencontrer ces enfants et ces animateurs salariés des PEP qui font un superbe travail d'accompagnement à la scolarité et à l'humanité.

Parfois, on trouve des pilotes là où ne les soupçonne pas.

Il n'en demeure pas moins que l'éducation nationale a besoin aussi d'un vrai pilotage quotidien, qui malheureusement, même sur des trajets simples, a bien du mal à trouver le cap.

01/04/2016

Lucas et Nicolas. Et les autres.

Ce sont les deux enfants chez qui j'interviens à domicile dans le cadre du PRE avec les PEP21.

Lucas et Nicolas, ce sont leurs vrais prénoms, cela pourrait être Saïd et Mohamed mais non ce sont bien Lucas et Nicolas.

Dans leur quartier fait de tours d'immeubles, beaucoup de familles d'origines différentes se côtoient.

Beaucoup de différences de culture.

Mais bien des ressemblances quand même.

La misère sociale ne fait pas cas de la couleur de peau.

Mais je n'ai pas envie d'un article pseudo-politique.

Juste un article pour dire que je m'attache à Lucas et Nicolas. Que le suivi PRE a décidé la continuité du soutien jusqu'au 10 juin. Mes lundis et jeudis soirs vont continuer de m'emmener dans le quartier des tours d'immeubles mais cette fois au centre socio-culturel, lieu neutre, pourvu de salles dans lesquelles nous pourrons travailler au calme, sans fumée de cigarettes, sans allers et venues, sans discussions parasites, sans télévision.

Le bilan que j'ai fait a conduit à cette modification et aussi à la réduction de l'intervention car les temps de travail étaient trop longs pour ces enfants qui ont bien du mal à se concentrer. Donc 2 fois 30 minutes pour Nicolas en CP et 2 fois 45 minutes pour Lucas en CE2.

J'aimais bien aller chez eux mais ce sera plus efficace et plus agréable ainsi. ( et je n'aurai plus besoin de me laver les cheveux à chaque fois, l'odeur de cigarettes étant intenable)

Les autres, ce sont les enfants de la MECS auxquels je me suis fortement attachée également.

Je termine mon stage la semaine prochaine et je ne verrai plus ces jeunes dont je commence à savoir les prénoms, connaître les niveaux de classe et appréhender leur façon d'être, la manière qu'il convient de les accompagner dans leur scolarité.

C'est bizarre...et là est le coeur de l'article.

Alors que mes élèves me sortent par les yeux, oui je sais c'est dur mais vraiment, je n'en peux plus, je m'attache à d'autres enfants qui ne sont pas mes élèves.

Je pensais ne plus pouvoir m'attacher à un enfant du point de vue scolaire, ne plus avoir envie de l'accompagner, de l'aider.

Là, en individuel ou en petit groupe,il me suffit de faire preuve de patience, de conviction et de tour de passe passe pédagogique ou affectif déguisé !

Dans ma classe, tout me pèse, les préparations, la discipline, la création, les corrections, les réunions, et encore la discipline et encore la gestion du grand groupe et du coup, je suis détachée, affectivement très détachée.

Une prof qui n'aime pas ses élèves au sens de l'affection bienveillante n'est pas une bonne prof.

Le constat est terrible.

Ma souffrance de ce constat aussi.

Pourquoi n'ai-je pas ce ressenti avec Lucas, Nicolas et les autres ?