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20/09/2017

Liberté chérie / Chéri et liberté.

Je ne me suis jamais sentie prisonnière de ma vie hormis à quelques petits moments de crise qu'il faut bien passer de temps à autre.

Je me suis toujours sentie très libre dans mes choix de vie, mes décisions, mes prises de paroles, mes actions et mes pensées.

Ca, c'est pour le concept de liberté absolue et j'ai bien conscience de la chance de pouvoir la vivre ainsi.

Il faut bien admettre cependant qu'avec 4 enfants, la liberté quotidienne, au sens stricte, est quelque peu mise à l'épreuve,tantôt très réduite, provoquant parfois un sentiment d'étouffement ou de manque de temps pour tout un tas de choses diverses et variées que l'on voudrait faire ou de manque de temps pour voir des gens qu'on aime.

Bien sûr, ce constat n'enlève en rien la joie que j'ai d'être et d'avoir été cette maman un peu privée de liberté de temps à autre. Je referais exactement tout pareil.

Force est de constater que depuis trois semaines, sans enfants à la maison du lundi matin au vendredi soir, et avec une seule le WE + des passages d'un ou deux grands de temps à autre, ma liberté d'action s'est d'un seul coup très élargie ! Dans le désordre, quelques exemples : je peux aller tôt à l'école, voire très tôt...je peux rentrer tard, corriger tranquillement en classe, ne pas regarder l'heure à la fin des réunions de parents, je peux décider d'aller faire une course de dernière minute sur le trajet du retour, prendre un rendez-vous médical ou de loisirs, je peux aller faire du sport deux soirs dans la semaine, je peux décompresser en arrivant, au calme. Je redécouvre cette liberté et je m'oblige à l'apprécier car sinon, je tombe dans la nostalgie de la présence de mes enfants et l'"ado-blues" arrive à grande vitesse....( le baby blues je n'ai pas trop connu mais l'ado-blues oui je le connais régulièrement...comment cela mes grands sont des adultes et ma dernière une ado de 13 ans très indépendante ?????)

Donc...parce que je ne cours plus d'une sortie d'école, de collège ou de lycée à un transport à la musique, à la danse, chez une copine, au sport, au code, aux scouts ou je ne sais où encore...parce que je ne dois pas remplir le frigo sans cesse, étendre du linge à gogo, préparer encore et toujours les repas, parce que je peux m'accorder des variations imprévues de mon emploi du temps, j'ai le sentiment de retrouver une certaine forme de liberté.

Et si je ne veux pas déprimer face à cette situation assez destabilisante du départ des enfants de la maison, je veux savourer cette liberté chérie même si bien sûr mes enfants ne m'ont pas mise en prison les années passées !

Et donc...

Face à cette liberté chérie, il y a Chéri et ma liberté.

Se retrouver à deux, au calme, chaque matin et soir, parfois le midi, parfois une journée complète ( par exemple aujourd'hui chéri est en repos car a travaillé le WE passé) et bien ce n'est pas si évident !!!!

Moi qui ai tant voulu du temps à deux...j'ai comme le besoin de retrouver ma liberté et que chéri la respecte du mieux possible.

Je veux alors rendre hommage à mon IL qui aimerait profiter un peu de cette nouvelle liberté pour passer plus de moments avec moi mais qui sent qu'il ne faut pas m'étouffer !

Dire à mon IL que c'est un passage et que j'adore aussi cette nouvelle liberté de décider à deux de choses improvisées et de discuter quand on a envie. Mais la liberté a ses travers, ne pas devenir trop libre.

Car s'il y a une chose que je souhaite par dessus tout, c'est cette liberté que j'ai de vouloir et d'apprécier d'être la prisonnière privilégiée des bras et du coeur de mon IL chéri.

Ma liberté chérie ne m'empêchera jamais d'être en lien étroit avec mes enfants avec qui j'échange de nombreux messages ces temps-ci, je ne cesserai jamais de penser à eux, de les conseiller si besoin, de les écouter, de passer du temps avec eux.

Ma nouvelle liberté ne m'éloignera pas de mon IL dont les nombreuses attentions quotidiennes sont le fondement de cette liberté de nous aimer en passant ensemble les étapes familiales, amicales, sociales de notre vie commune.

Ma liberté chérie me fait aimer encore plus mon IL en toute liberté.

 

( en me relisant, je vois beaucoup de mot "liberté"...c'est un peu tordu mon affaire mais bon, moi je me comprends !!!!)

16/09/2017

On se calme.

Mon dernier article a fait réagir mes amies instits qui m'ont envoyé des mails persos avec des exemples de vécus passés ou actuels dans leur école, merci à vous les filles pour la complicité sur le sujet !

Bon, je me suis calmée.

Et cela pour plusieurs raisons.

Déjà j'ai dormi...mal la nuit de jeudi à vendredi mais bien la suivant car trop crevée. Rien de plus réparateur qu'un bon bol de sommeil ! ( comme l'air frais !)

Le directeur de l'école du jeudi a lu la lettre et a pris peur, ce qui ne m'étonne pas, il n'est pas du genre à déplacer des montagnes, à pousser une gueulant envers la hiérarchie, bref ce n'est pas lui qui va changer le monde, mais bon chacun son rôle sur la planète ! Je crois qu'il a plus peur pour lui que pour moi quand il m'écrit que je devrais réfléchir, que je prends des risques en écrivant tout cela, qu'il faut attendre etc...

On va partager l'AVS de l'élève de CP, les matins avec M. en CE2, les après-midis en CP et cela jusqu'au 9 octobre, date où une nouvelle AVS devrait être en place...

Cette solution ne me convient absolument pas mais...

Ce n'est pas ma classe à temps plein et je me force à me rappeler que si j'ai quitté un poste de titulaire c'est justement pour ne plus gérer ces situations, me pourrir mes journées de classe, mes soirées de réflexion, mes nuits à ne pas en dormir.

J'admets ne pas être trop fière de dire, après tout, ce n'est pas mon problème...( à part le jeudi !), cela vaut-il la peine de faire autant de vagues ?

La réponse est oui mais j'ai besoin de calme dans ma vie professionnelle alors je n'enverrai pas cette lettre. Par contre, je vais continuer à témoigner de cette situation, à la décrier, à l'expliquer à mon entourage.

Il faudrait faire des vagues, il faudrait râler pour de vrai, crier "au-secours", " à l'aide", mais voilà...j'ai fait cela pendant 15 ans pour au final ne compter que sur moi-même et quelques collègues aidants alors....je ne vais pas gaspiller mon énergie physique et mentale à me battre pour cette situation.

Jeudi prochain arrivera bien assez vite et m'épuisera de nouveau mais en attendant je vais penser à mes autres classes et élèves, je vais m'occuper de ma famille et mes amis.

L'école attendra que je m'énerve de nouveau.

Là, je m'auto-coache pour me calmer et cela fonctionne pas trop mal !

 

14/09/2017

J'envoie ou pas ????

Je viens de pondre cela...

 

Est-ce que je l'envoie ? Est-ce que je risque un avertissement ????

 

ce soir je suis tellement dégoûtée que je la poste au moins sur le blog....je me retiens pour ne pas la mettre sur mon facebook....

 

Madame ...........................

Professeur des écoles

En poste sur des décharges de direction

Le 14 septembre 2017,

 

Monsieur l'Inspecteur de la circonscription de .......................

Madame l'enseignante référente de .............................

Madame la présidente de .................................

 

 

Alors que j'enseigne depuis plusieurs années au sein de la circonscription Dijon Chenôve, vous ne me connaissez pas car tous les dossiers que j'ai gérés en MDPH ou en suivis personnalisés l'ont été avec vos prédécesseurs lorsque j'étais en poste titulaire d'une classe. Depuis deux ans, j'exerce sur un poste de décharge de directions sur les écoles de R., D., L. et S. et je m'occupe beaucoup moins des suivis personnalisés.

Cependant, la situation actuellement vécue par l'ensemble des collègues et des élèves de L. me semble tout simplement inadmissible et comme je suis directement concernée par la situation, je vais me permettre cet écrit, un peu long, mais qui je l'espère, retiendra votre attention.

Je décharge chaque jeudi le directeur dans une classe de CE2-CM2 de 23 élèves dont un élève porteur de handicap, autiste, scolarisé 21 heures par semaine, et qui a toujours eu une AVS durant sa scolarité.

Nous sommes le jeudi 14 septembre, j'interviens pour la seconde fois de l'année dans la classe et cet élève n'a toujours pas d'AVS.

 

Je vais vous expliquer tout ce qui en découle.

 

Avant cela, un petit rappel : l'AVS de l'an passé a démissionné au mois de juin ( et non, elle n'est pas partie sans rien dire, oui elle a fait ses démarches dès la mi-mai, a relancé pour obtenir des réponses....il est quand même mal venu de faire croire à la famille que l'AVS n'a pas prévenu assez tôt...) et rien n'a été fait pour être assuré qu'un remplacement aurait lieu dès la rentrée. Il faut quand même rappeler qu'il ne s'agit pas d'un nouveau dossier mais bien d'un suivi de dossier MDPH.

 

Depuis la pré-rentrée, l'équipe enseignante et les parents alertent l'inspection et l'enseignante référente sur la situation, mais voilà, personne n'est nommée pour cet élève, rappelons-le porteur de handicap, habitué à être suivi par une AVS depuis le début de sa scolarité.

Monsieur l'inspecteur passe à l'école pour saluer les collègues et leur souhaiter une bonne rentrée, il est de nouveau sollicité par les collègues au sujet de la situation difficilement tenable, le directeur lui propose de passer un quart d'heure dans la classe, mais monsieur l'inspecteur décline l'invitation, faute de temps et nous rappelant qu'il nous fait confiance.

Désolé de décevoir monsieur l'inspecteur mais vous ne devriez pas nous faire confiance...nous n'avons pas de baguette magique pour transformer une situation ingérable...si vous en doutez, je vais vous raconter ma journée de ce jeudi, similaire à ce que vit mon collègue directeur chaque jour....

 

J'ai été une bien mauvaise enseignante ce jour...j'ai beaucoup râlé, beaucoup pesté, voire crié auprès des élèves....si, si, c'est vrai...et je vous assure que je n'en suis pas fière et que je préfèrerais arriver à faire autrement.

 

Mais voilà...ils ne sont que 23, c'est vrai mais il y a donc M. sans AVS et là, très honnêtement, nous ne savons pas faire pour répondre à ses besoins d'élève particulier sans qu'il ait une aide individuelle, il y a les enfants en difficulté scolaire ( dont un petit nouveau arrivé dans l'école, en grande difficulté et que j'ai laissé de côté quasiment toute la journée), il y a deux élèves de CM2 très compliqués... Rassurez-vous, nous connaissons les problématiques de ces deux élèves car oui, nous faisons de notre mieux pour les suivre mais dois-je vous raconter qu'encore aujourd'hui ces deux enfants sont entrés en très grand conflit engendrant une situation compliquée dans la classe, non , je ne peux vous confier tous les détails de ces problématiques, ah c'est vrai, vous nous faites confiance mais désolé, ce n'est pas réciproque.

Il a fallu que j'enlève un tiers de ce que j'avais prévu de faire aujourd'hui, tant pis les CE2 n'auront pas fait leur séance de géométrie....mais nous avons quand même fait chorale malgré les difficultés à gérer un tel groupe classe ( avec les CM1 en supplément) dont M. qui ne tient pas en place et intervient tout le temps, tout le temps....

Au moins, je n'aurai pas fait que crier, j'aurai aussi chanté un peu et essayé de capter mon auditoire pour les faire chanter...

 

Vous me trouvez ironique et désinvolte ?

 

Comment ne pas l'être quand on nous laisse gérer de telles situations qui engendrent un mal être de l'élève concerné, des élèves alentours et des enseignants responsables de la classe ????

 

Après cette journée horriblement fatigante physiquement et mentalement, alors que nous essayons de nous convaincre que nous ne sommes pas les plus nuls enseignants du monde, nous apprenons qu'une AVS sera sans doute recrutée pour le 9 octobre, enfin pas certain et il faut trouver une personne qui convienne. Et d'ici là, on nous demande de mutualiser une AVS qui intervient pour une élève de CP dans la classe de GS/CP à 27 élèves !!!!! Donc là, c'est déshabiller Paul pour "rapiécer" Pierre.... en l'occurrence notre M., même pas l'habiller....

Mais de qui se moque t-on ???? Ah non, on ne se moque pas de nous, on nous fait confiance, j'oubliais....

 

Savez-vous que la cohésion de classe et le bon climat de classe se construisent les deux premières semaines ? Avez-vous conscience que nous allons mettre des semaines à tenter de rattraper les dégâts causés par la situation actuelle ? Que M. a déjà pris de bien mauvaises habitudes et que nous aussi ? Que les autres élèves sont très perturbés par la situation ?

 

Enfin, comprenez-vous qu'enseigner dans ces conditions vous met une pression de dingue, vous place sous tension nerveuse toute la journée et en amont de la journée ?

 

En fait, l'éducation nationale compte encore bien trop sur la bonne conscience professionnelle de ses employés...car oui, nous n'avons plus confiance en grand chose nous mais nous avons une conscience qui fait que nous essayons de tenir le coup, méprisant notre santé physique et mentale pour aider les élèves. C'est vrai que ce jour, nous nous disions que si nous nous mettions en arrêt maladie, peut-être que nous serions mieux entendus mais hélas pour nous et chance pour vous, nous avons une conscience, nous croyons en notre mission et nous tenons le choc.

 

Mais moi, je ne veux pas tenir le choc sans pousser ce coup de gueule.

Moi, je ne suis dans la classe qu'une journée par semaine et pourtant je suis très affectée par la situation, pour les élèves, pour les collègues et aussi pour moi.

Moi, ce soir, je suis épuisée et tellement déçue par les réactions hiérarchiques ou des services spécifiques.

Moi, ce soir, je me demande déjà comment je vais préparer ma journée de jeudi prochain et comment je vais assurer la séance de sport promise aux 27 élèves de CE2-CM1-CM2...

 

J'ai bien conscience que cette lettre est un peu percutante et peut paraitre irrespectueuse mais sachez que pour le moment ce sont nous les enseignants et notre élève qui ne sommes pas respectés en nous laissant nous dépatouiller d'une situation très délicate. Je suis certaine que d'autres collègues vivent cela et je vous assure que je me retiens de créer un collectif des enseignants en attente d'AVS pour leurs élèves porteurs de handicaps ou à troubles spécifiques.

 

Je crois au travail d'équipe et je rêvais d'une réunion avec mon collègue et l'AVS dès le soir de la rentrée pour penser ensemble les aides, pour mettre en place les règles, les aménagements spécifiques...mon rêve se brise chaque jeudi en me faisant devenir une enseignante débordée par une situation trop complexe.

 

Je m'oblige à clore ce courrier...je pourrais écrire des pages et des pages sur le vécu du moment...

 

Je vous prie de pardonner mon impertinence si nécessaire pour créer une onde de choc...Je vais tenter de reprendre confiance en moi et en mes élèves. Pour la confiance en l'éducation nationale, je crois que je l'ai définitivement perdue. Quant à celle que vous nous portez, elle est certes gratifiante dans la pensée mais sur le terrain, elle ne porte pas de fruits ou de solutions miracles.

 

Bien cordialement,

Madame .........................., professeur des écoles depuis 21 ans, passionnée et enthousiaste à ses heures, perdue et désespérée à d'autres.