La prime aux écuries.

Réflexion imagée, enfin j'essaie.

Depuis plusieurs semaines, mes élèves préparent un spectacle musical sur le thème du cirque avec entre autres choses, un tableau sur le thème de l'art équestre.

J'avais découpé mes 38 têtes de chevaux et la semaine passée je me suis lancée en arts visuels pendant deux séances de peinture et de collage de laine ! ( pour les belles crinières !!!!) Ces deux séances m'ont confortée dans l'idée que l'absence d'ATSEM en élémentaire est un vrai handicap pour mener à bien des projets demandant beaucoup de préparation matérielle, beaucoup de manipulation par les élèves et beaucoup de rangement et de nettoyage. Pour la préparation, j'avais fait le choix de tout faire le matin avant la classe, sans les élèves, à chaque fois 30 minutes. ( protéger les tables, préparer les supports, les peintures, les pinceaux, la colle, les pots d'eau, les torchons) Pendant la séance, tout se passe assez bien ayant des élèves intéressés et motivés par la proposition faite, ils mettent du coeur à l'ouvrage. Le moment où cela dégénère, c'est quand la moitié des élèves a terminé et pas l'autre...si vous les autorisez à aller dans la classe ( salle communicante), ils font le bazar, si vous les autorisez à commencer le nettoyage, c'est la cacophonie totale et ceux qui n'ont pas fini crient qu'un tel lui a pris son pinveau et son marron alors qu'il n'a pas terminé son cheval ! Au fil des années, j'apprends à accepter le bruit, le bazar et franchement le souk...Et comme depuis....aller....3 ans, je ne veux plus rester 45 minutes après la classe juste pour tout remettre en ordre, je fais le choix de ranger et nettoyer avec les élèves et très honnêtement, c'est du sport et bien sûr de la perte de temps d'apprentissage pur et dur mais au moins, je ne fais pas encore de longues heures supplémentaires à cause de l'art visuel. ( sauf pour la préparation car c'est quand même bien de pouvoir mettre directement les élèves en action dès qu'ils sont dans la dite salle )

Il faudrait alors un autre article pour expliquer que la présence , ne serait-ce qu'un jour par semaine, d'un adulte supplémentaire dans l'école, serait carrément bienvenue pour toutes ces activités que beaucoup d'enseignants ne font plus et cela peut se comprendre même si je ne défends pas cette attitude.

Bref...

Mes têtes de chevaux étant toutes en beauté, il restait désormais à les assembler en les agraffant autour de bâtons pour pouvoir faire notre danse comme prévu "en faisant semblant de monter à cheval !!".

ET donc....mon saint de mari transformé en homme au foyer cette semaine me lance chaque jour "bon je vais aux écuries..." Nous n'avons pas ouvert de poney-club mais simplement aligné toutes nos têtes par binômes , l'opération agrafage étant un peu longue, l'humour aide et devenir palefrenier pour des chevaux en cartons , je suis certaine qu'il ne l'avait pas imaginé....

Et là, je me dis que même les maris d'enseignantes devraient avoir une prime de l'éducation nationale mais la prime restera bien cachée dans l'écurie puisqu'hier, notre cher ministre a annoncé que la prime de 400€ devant être attribuée aux professeurs des écoles qui connaissent un écart de salaire avec leurs collègues du secondaire et qui ne touchent pas la prime de sujétion spéciale qu'ont des professeurs principaux ou pour certaines missions ( attention, je ne dis pas que les profs du secondaire sont super bien lotis, non, mais hélas, le constat de la différence de salaire à échelon égal est réel ainsi que la non reconnaissance de la responsabilité que nous avons de la classe en tant qu'enseignant principal de notre classe), donc cette prime serait réduite à 100€ et encore....il ne peut pas certifier son attribution.

Et bien vous savez quoi, cher ministre, vous avez de la chance, vraiment, car vos jockeys restent en selle et mènent la course de leur classe avec pour seul objectif celui de conduire à la ligne d'arrivée de la réussite scolaire tous leurs poneys, poulains et pouliches.

Vos écuries sont remplies de palefreniers qui font souvent le boulot ingrat en préparant les montures, en les nourrissant, en les nettoyant, en les entrainant et cela sans se demander si leur ministre a misé sur le bon cheval et surtout sans attendre la moindre revalorisation de la mise de départ.

Laissez votre prime au fond de l'écurie, nous continuerons à enlever le purin de la paille, à guider nos jeunes montures pour qu'elles deviennent des beaux chevaux gérant au mieux leur course d'élève et d'enfant.

Vos jockeys leur apprendront la compétition saine et les guideront vers les plus belles places du podium.

Faites quand même attention, cher ministre, à ne pas perdre vos mises de départ car elle valent beaucoup, bien plus que toutes les primes promises et restées au fond des écuries.