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21/03/2014

Je me désolidarise.

En ce vendredi sans élèves, je m'étais dit que j'allais écrire un article sur le bonheur, celui qui m'a gagné dimanche dernier, celui dont je veux parler car il a explosé dans mon coeur, celui que je veux vivre car c'est le sens de ma vie.

Mais ce sera pour un autre jour car depuis ces deux semaines de reprise, pas mal de situations vécues avec des collègues me poussent à écrire que je me désolidarise.

La solidarité est une valeur importante pour moi dans la vie en général et dans beaucoup de situations en particulier.

La solidarité entre membres de l'éducation nationale a toujours été pour moi une vague idée, un lointain objectif, en tout cas, pas une fin en soi car trop de discussions ou de comportements de certains collègues ne me donnent pas envie d'être solidaires à tout prix, beurl, l'esprit de corporatisme, le " je défends le camarade prof car je suis prof alors que le dit camarade, même dans la panade", n'est peut-être pas blanc comme neige!". Du coup, je récolte ce que je ne sème pas...je n'inspire pas la solidarité professionnelle et beaucoup de mes collègues ne me défendraient pas je pense, c'est de bonne guère.

En tout cas, pour l'avoir vécu très récemment, je me désolidarise complètement et fièrement :

  • des collègues qui viennent à une rencontre sportive organisée par l'Usep en purs consommateurs. Ils n'ont pas préparé leurs élèves aux jeux et à la dite discipline, ils ne se proposent pas à faire l'encadrement des arbitrages aux ateliers, ils gèrent à peine la discipline des élèves de leurs équipes et pire, ils croisent les bras ( oui au sens propre, hier un collègue d'à peine 30 ans a passé la matinée à croiser les bras, à ne pas intervenir, ou à critiquer...et à tirer la tronche pendant que d'autres comme moi, transpiraient à arbitrer 2 heures non stop sans pause et à encourager les élèves qui étaient en difficulté en sport) Simplement insupportable...
  • des collègues qui font chier leur directrice et la traitent de "pauvre conne" car celle-ci propose de venir un mercredi matin faire un grand rangement de salle informatique...ou parce que le non respect de règles de sécurité rappelé par la directrice agace des collègues peu scrupuleux des règles élémentaires...
  • des collègues qui mènent une réunion d'information sans avoir préparé, pris les renseignements utiles, qui n'ont que des "je ne sais pas " à la bouche quand les parents questionnent...là, c'est en tant que parent...réunion d'info pour l'accueil des correspondants italiens de ma fille...vraiment j'avais honte d'être prof et je comprenais les parents qui faisaient des remarques...
  • des collègues qui commencent un entretien ave un parent en disant comme première phrase " votre fils me désole"...( ça fait plus d'un mois et j'ai un article sous le coude à ce sujet mais tellement perso que je dois prendre du recul...)
  • des collègues qui te dépriment quand tu dis que tu fais un projet théâtre-danse- classe découverte....et qui aiment te dire "t'es courageuse, ouais pour ce que cela donne, pour le boulot engagé et la reconnaissance que t'en as....franchement t'es folle !"....ouais merci...
  • des collègues qui découragent plutôt qu'ils n'encouragent, qui ne voient que le négatif plutpot que le positif et cela de leurs élèves, de leurs conditions de travail, de leurs projets, de leurs résultats...

Et j'en passe....

Oui je suis peut-être un peu rigide...

Mais je crois que ces constats participent aussi à mon envie de prendre mes jambes à mon coup et de me tirer de cette solidarité malsaine entre collègues. Je ne rencontre presque plus de collègues avec qui je me sens en osmose, j'ai de plus en plus souvent honte des propos de certains et certaines, et en plus, ils arrivent à me démotiver et me plomber le moral.

En fait, les enseignants sont les plus solidaires du monde pour la complainte et parfois l'inaction, la passivité, la démotivation, tout ce qu'ils critiquent chez leurs élèves !!!!!

Alors si je veux continuer, pour le moment, la désolidarisation me semble essentielle car hier, franchement, le mec qui croisait les bras, j'aurais pu lui en coller une, ce qui a bien faire rire mon directeur quand je lui racontais car il imaginait déjà un titre de journal disant qu'une instit s'était battue avec un autre instit lors d'une rencontre sportive entre élèves !!!

Mon malaise viendrait-il de cette impression de marge de la famille des profs ? Quand on n'a pas envie d'être solidaire avec sa "famille", cela questionne quand même.

Heureusement, ce soir, je dine avec mes anciennes collègues de ma belle époque solidaire...peut-être que cela me persuadera que la solidarité entre profs peut exister, celle qui est constructive, intelligente, joyeuse et productive envers les élèves.

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