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05/01/2015

Bonne année par KO.

Ce matin, bien sûr, c'était un peu dur de se lever et de repartir dans le rythme du quotidien mais j'étais portée par les vraies belles vacances passées avec ses vrais bons moments familiaux et amicaux et aussi ses vrais moments de farniente à la maison.

D'humeur plutôt gaie, enthousiaste et fataliste heureuse sur le travail à reprendre, les élèves à retrouver, les projets à construire, les réunions à honorer.

8h37.

J'ai gratté deux minutes d'ouverture de la grille, mes collègues étant sortis, je traine un peu dans la classe et je me décide à me rendre dans la cour. Là, dans le couloir, une mère d'élève ( avec son enfant qui me semble malade et donc je crois qu'elle vient me prévenir de cela ou qui sait me souhaiter une bonne année), me demande si elle peut me voir. Oui, c'est pourquoi...?

Elle commence un débit de paroles agressives concernant ce que j'ai écrit dans le bulletin de son fils, disant qu'elle veut le changer d'école, que cela ne peut pas durer ainsi, qu'il ne voulait pas venir à l'école.

Là, malgré ce premier coup à mon enthousiasme, je lui dis que je ne comprends pas bien de quoi elle parle ( je sais ce que j'ai écrit mais rien qui ne mérite ces propos) et que justement, vu que j'ai rendez-vous avec elle lundi prochain ( dès jeudi, je rencontre chaque famille individuellement), nous pourrons en rediscuter, je pourrai lui donner mon point de vue, écouter le sien mais que là à 8h50 dans le couloir ce n'est pas le moment et le lieu, mes élèves m'attendent.

J'ai reçu alors uppercut sur uppercut, tous mes défauts d'instit ont été cités, le fait que je ne veuille pas en discuter maintenant très mal compris, les termes du bulletin repris, déformés, mal interprétés, le resurgissement de problèmes déjà réglés il y a des semaines ( avec un fils bagarreur et qui a volé une boite de cartes à un camarde, forcément il avait fallu que je m'en mêle mais de façon très professionnelle il m'avait semblé), bon bref, je prends les coups et je ne réponds même pas, j'ai juste la force de progresser jusque vers la vitre de la cour pour que mon directeur vienne à ma rescousse, ce qu'il a fait...il reprend la discussion pendant que je sors 5 minutes puis je retourne vers eux et là, j'entends les autres coups à mon sujet, je réexplique à madame qu'il est 9h, que nous avons des élèves qui nous attendent, que je veux bien que nous discutions de ce dont elle m'accuse mais que là, nous avons du travail. Je lui propose même d'avancer le rendez-vous au soir même mais elle ne retient que le fait qu'avec moi ce n'est pas le moment et que "vous avez vu comment vous me parler" ( heu oui j'ai une classe qui m'attend et en plus là, je me sens complètement abasourdie) et qu'elle va changer son fils d'école et bref le refrain repart.

A 9h10, elle quitte l'école mais elle a gagné.

Je suis KO debout.

Je sais que je vais craquer, que ma joie de vivre et mon enthousiasme vont partir.

Je rentre mes élèves en classe, mes collègues aussi et mon directeur vient me redire un mot gentil et là, victoire de la mère d'élève par KO, je m'écroule en larmes dans le couloir.

Ma chère Faïza ( evs) arrive, tente de me consoler, s'occupe de la classe et là, pour une connerie de coups verbaux portés un matin de rentrée, je suis toute faible, toute fragile, toute repliée et je pleure.

J'ai réussi à reprendre la classe, la journée m'a juste semblé éternelle.

Nous avons relu plusieurs fois le dit bulletin dans la journée...nous avons essayé de comprendre car je connais bien cette maman que j'ai déjà reçue pour évoquer une situation familiale complexe mais je suis restée KO toute la journée.

En plus, cette année, je n'ai pas eu une seule boite de chocolats en ce lundi de rentrée, mauvais présage ?????( j'en avais eu 3 avant les vacances mais bon...)

Je ne suis pas spécialement fière de m'être laissée si facilement battre par KO mais je n'ai tellement pas vu le premier coup venir que malgré une tentative de défense, les autres étaient de toute façon plus forts.

Au fait, bonne année madame, mais franchement, je n'avais pas le coeur à ironiser.

Après un long coup de fil de mon directeur à la dite maman et un sermonage de sa part, il parait qu'elle va venir s'excuser demain matin.

Je crois aux excuses.

Je crois au pardon.

Je crois aux erreurs qu'on dépasse.

Mais le KO du lundi matin 2015, je l'ai senti tellement fort que demain,lui faire un sourire et accepter platement ses excuses, cela va me coûter...en espérant que je ne sois pas KO de nouveau.

Vive la rentrée ! Vive la bonne année !

Commentaires

et bien qu' elle vienne s' excuser cette mère soupe au lait, merci à ce gentil directeur aux larges épaules, et aucune obligation de sourire ni d' accepter dans la seconde qui suit ses plates excuses, juste l' écouter....et laisser cicatriser....en pus si tu la revois dans une semaine, cela te laisse le temps avant de lui dire que tu ne lui en tiens pas rigueur de ses paroles vehementes. allez debout Pascalinette, ce sont les enfants qui t' attendent et surtout pas leurs parents!

Écrit par : sidonie | 05/01/2015

Merci de ton soutien. Y'a plus grave dans la vie mais là, je suis vraiment touchée, je dois repartir pour démarrer au mieux mes réunions de parents. C'est tellement énervant voire humiliant de se laisser atteindre si facilement...bisous

Écrit par : pascalinette | 06/01/2015

et bien sûr ne pas se laisser dire qu'elle a peut-être raison, que je ne suis peut-être qu'une affreuse maitresse...dur de ne pas la laisser gagner en fait par vrai KO.

Écrit par : pascalinette | 06/01/2015

Ah, ça, ce sont les mauvais côtés du boulot, lorsque notre endurance est mise à l'épreuve. Difficile de ne pas être blessée, même si on comprend que l'on n'est pas forcément le nœud du problème mais que l'on sert de fusible pour des parents en peine éducative (j'ai connu aussi ce genre d'expérience). Allez, tu as grillé, remets maintenant un fusible tout neuf, et c'est reparti ! Bises.

Écrit par : chenille | 06/01/2015

Les commentaires sont fermés.