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08/05/2017

Le mal du village.

Déjà, il y a quinze jours, je m'étais réveillée avec la gueule de bois des élections en découvrant le vote de mon village : 84 voix pour Le Pen, 80 pour Fillon, 68 pour Macron, 36 pour Mélenchon,  27 pour Dupont Aignan et 10 pour Hamon.

Hier soir tard, nous avons regardé le score de notre village : 54% Macron, 46% Le Pen.

Là, où sur le plan national, il y a 30 points d'écart, chez nous, cela se réduit à 10 points avec seulement 15% d'abstention...c'est sûr que les 84 + 80 + 27 sont allés voter...

Et nous aussi toute la famille est allée voter avec une procuration pour notre lyonnaise.

J'ai le mal du village car vraiment la population de notre village n'est pas une population en souffrance ou "populaire" ou sans intelligence.

Nous savons que dans notre rue des gens votent FN et notamment mon voisin d'en face et vraiment vu sa situation d'ensemble, je l'admets, je suis très intolérante et je ne peux pas comprendre. J'ai déjà discuté il y a longtemps avec lui...Et puis tous les autres dont je sais bien que ce fut le vote...

Nous n'avons pas vraiment d'amis dans notre village, on va dire plutôt des bonnes relations de voisinage mais de plus en plus de choses m'agacent dans les propos des uns et des autres.( A. tu me manques tant, tu manques au village...si tu me lis...)

Ce matin, j'avais envie de prendre le micro au vide grenier et de leur raconter ma rencontre avec Mokta lors du repas aux demandeurs d'asile faits avec les scouts il y a quatre semaine, j'avais envie de leur raconter l'histoire de la famille P., demandeur d'asile, qui hier a passé la journée chez mes parents pour des raisons multiples que je ne peux expliquer ici.

Mais j'aurais tant voulu parler de leurs enfants F., 20 ans , brillante étudiante en fac de langues, sans papiers et qui ne sait pas ce qu'elle va faire durant les trois mois de coupure de cours ainsi que de son frère J., 14 ans, brillant élève du lycée Carnot de Dijon...Ils sont au 115 car plus de place en association et donc livrés à eux-mêmes dans la rue de 8h à 18h. J'aurais voulu crier leur détresse à eux qui ont suivi leurs parents sans avoir d'autres choix, qui ont appris un français parfait en deux ans et qui ont des signes de stress très important.

J'aurais voulu parler de l'association de ma cousine toulousaine et de ses paroles et gestes aux sans abris.( Coud Pousse Toulouse ) En se baladant dans les rues de Toulouse avec elle et en la voyant discuter avec les gens de la rue et après nous expliquer des choses...et ben, ça remet les idées en place...ou PAS.

Car je sais que dans mon village plein de gens diraient que ce n'est pas leur problème.

De toute façon, je ne suis pas allée au vide grenier, pas envie de sourire.

Et moi, me direz-vous, je fais quoi ?

Je crois que je reste vraiment sensibilisée, que je fais de petites actions de soutien et dans la vraie vie quand je le peux et que surtout je reste attentive aux explications qu'on me donne sur les situations de ces gens-là, comme j'essaie de rester attentive aux agriculteurs qui souffrent ou aux ouvriers ou à d'autres.

Je suis assez perturbée par la situation de la famille accueillie par mes parents hier. Je cherche des façons de les aider mais sans papier c'est compliqué, la jeune fille de 20 ans aimerait travailler cet été mais cela ne lui est pas possible...enfin c'est compliqué mais devant leur telle bonne volonté, une vraie envie d'entraide se fait sentir.

Je m'étais tue depuis deux semaines, trop absorbée par ces choix politiques et les discussions avec les uns et les autres.

J'ai peut-être le mal du village mais je n'ai pas le mal de la solidarité en laquelle je continue de croire.